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Au-delà de l’insécurité: Un meilleur accès à l’eau dans les régions de Tahoua et Tillabéry

En vue de stabiliser les zones confrontées à la fois à des enjeux sécuritaires complexes et à de fortes vulnérabilités économiques, sociales et climatiques, les pays membres du G5 Sahel ont demandé en 2018 au Secrétariat exécutif du G5 Sahel de concevoir un Programme de développement d’urgence (PDU). Les membres de l’Alliance Sahel se sont mobilisés dès décembre 2018 pour mettre en œuvre ce programme : ils financent, à hauteur de 514 millions d’euros, 22 projets dits “à impacts rapides” visant à améliorer les conditions de vie des populations dans les régions fragiles frontalières des 3 fuseaux d’intervention de la Force Conjointe.

Au Niger, en réponse au souhait du gouvernement d’intervenir de façon urgente dans les zones cibles, l’Union européenne a contribué et financé un programme à hauteur de huit millions d’euros mis en œuvre par le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement et ses services déconcentrés. Ce programme utilise le canal du Mécanisme commun de financement (MCF), et l’exécution a été confiée à LuxDev. Lancé en janvier 2020, ce programme de soutien au PDU a obtenu un co-financement des Pays-Bas à hauteur de deux millions d’euros et a pris fin en juin 2022, après 30 mois d’exécution.

À l’issue de deux ans et demi de mise en œuvre, le programme de soutien au PDU a obtenu des résultats tangibles dans les zones d’intervention où l’insécurité est forte et où l’accès des populations aux services d’eau potable et d’assainissement reste faible, avec 37 % pour la région de Tahoua et 51 % pour la région de Tillabéry.

​Quand il n’y avait pas de château d’eau, en cas d’accouchement, il fallait puiser l’eau du puits pour effectuer le lavage des linges et autres. À présent, grâce à la réhabilitation du château d’eau, nous avons l’eau à notre portée et on s’en sert à volonté. Cela a vraiment amélioré nos conditions de vies. Aujourd’hui, nous sommes à l’abri des maladies liées à la consommation d’eau impropre.


Allassane SEYBOU, agent de santé du centre de santé intégré de Sargane, département de Ouallam – région de Tillabéry

Les capacités des acteurs dans la gestion des services de fourniture d’eau potable sont renforcées :

  • 5 plans locaux d’eau et d’assainissement ont été réalisés permettant de renforcer les capacités des communes en planification stratégique sectorielle ;
  • Des délégataires ont été mis en place par les communes bénéficiaires pour assurer le fonctionnement, la gestion et l’entretien des systèmes d’eau potable construits.

Dans la mise en œuvre du PDU, une attention toute particulière est portée aux appuis aux autorités locales et aux services déconcentrés de l’Etat, pour leur permettre de mieux assurer leur rôle de prestataires de service au profit des populations et contribuer à leur revalorisation aux yeux des bénéficiaires.

La cohésion sociale et la prévention des conflits sont renforcées dans une approche triple nexus développement-humanitaire-paix :

  • Atténuation des tensions liées à l’utilisation des ressources pastorales à travers la réalisation d’infrastructures d’hydraulique pastorale;
  • Réduction des conflits autour des ouvrages hydrauliques et promotion de l’accès équitable des usagers à travers la signature d’accord sociaux ;
  • Promotion du dialogue communautaire.

Par le passé, nous avions connu des situations conflictuelles avec les transhumants. Maintenant, nous avons un accès à l’eau et en quantité suffisante. Aujourd’hui, nous vivons en harmonie grâce à ce programme qui a permis l’installation d’une station de pompage pastorale dans notre localité.


Daouda ABASS, bénéficiaire – commune de Fillingué, région de Tillabéry
Un château d’eau construit dans le cadre du projet – crédit photo: LuxDev

UN ÉCOSYSTÈME RENFORCÉ AUTOUR DU SERVICE PUBLIC DE L’EAU

Ces réalisations ont fait naître un écosystème et des synergies autour du service public de l’eau potable, avec notamment :

  • Les communes propriétaires des ouvrages qui assurent, via un délégataire privé, le service public de l’eau;
  • Les associations des usagers du service public de l’eau qui remplissent une fonction essentielle d’arbitre entre l’exploitant et les usagers ;
  • Les structures d’appui conseil du service public de l’eau qui assurent un suivi technique et financier ;
  • Les services déconcentrés du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement qui contrôlent la faisabilité technique et assurent le contrôle de la qualité de l’eau ;
  • et enfin, les usagers qui achètent de l’eau au robinet.

Les efforts conjugués de tous ces acteurs ont abouti à :

  • Renforcer le tissu organisationnel et sociétal du village qui intègre maintenant des déplacés de la région en toute quiétude ;
  • Améliorer les conditions sanitaires des populations par l’adoption de bons comportements d’hygiène et d’assainissement et réduire les maladies liées au manque d’hygiène ;
  • Augmenter la fréquentation des jeunes filles à l’école notamment par l’allègement de la corvée de l’eau ;
  • Eviter les conflits locaux liés à l’accès et la gestion de l’eau.


La disponibilité de l’eau de bonne qualité et de façon permanente constitue une avancée qualitative dans les villages bénéficiaires, qui permet d’accélérer la croissance économique par la création d’emplois, notamment à travers la mise en gestion déléguée (gérant, fontainier, jeunes maintenanciers électromécaniciens, plombiers, etc.).

LE MÉCANISME COMMUN DE FINANCEMENT, UN OUTIL INNOVANT, FLEXIBLE ET RAPIDE

Le programme de soutien au PDU a été mis en œuvre par le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement et ses directions régionales de Tahoua et de Tillabéry à travers le MCF, un instrument financier innovant crée en 2017 qui contribue à la mise en œuvre du Programme sectoriel eau, hygiène et assainissement. Le MCF a été mis en place afin de renforcer l’alignement et l’harmonisation des financements du secteur et de mobiliser des ressources financières pour combler les déficits de financement du PROSEHA.

Éléments de succès de la mise en œuvre à travers le MCF :

  • Leadership accru du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement dans l’exécution et la coordination des activités du programme ;
  • Démarrage rapide du programme avec identification en amont des sites à réhabiliter par les acteurs au niveau régional ;
  • Flexibilité et rapidité dans la mise en œuvre du programme à travers le MCF.

Plusieurs projets du PDU ont fait l’objet de cofinancements ou de financements parallèles entre membres de l’Alliance Sahel, dans une logique partenariale concrétisant une coordination opérationnelle renforcée entre bailleurs et en illustrant les bénéfices. Enfin, une mise en œuvre « multi-acteurs » (Etats, collectivités, ONG etc.) a été privilégiée pour s’adapter au mieux aux contextes d’intervention de zones particulièrement fragiles.


Source de l’article: LuxDev (LuxDev – News)

Pour aller plus loin sur le Programme de Développement d’Urgence: Le programme de développement d’urgence (PDU) du G5 Sahel – Alliance Sahel (alliance-sahel.org)

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