Lutte contre la désertification : des partenariats locaux multi-acteurs pour renforcer la résilience et la sécurité alimentaire
Le 10 décembre 2024, en marge de la COP 16 de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification à Riyadh (Arabie Saoudite), l’Alliance Sahel a organisé une rencontre sur les partenariats multi-acteurs au niveau local. Cet événement avait pour objet de partager les expériences et les perspectives dans la lutte contre la désertification, le renforcement de la résilience et la sécurité alimentaire au Sahel. Il a été organisé avec le soutien du Programme Alimentaire Mondial (PAM).
Revoir la conférence
Lors de la séance d’ouverture, Mme Kanouté Fatoumata Kone, Directrice Générale des Eaux et Forêts au ministère de l’Environnement du Mali, a souligné l’ampleur de la problématique de la désertification pour la région.
Elle a notamment rappelé que les deux tiers du territoire du Mali sont situés en zone désertique. Les défis liés sont multiples:
- coupe abusive du bois (on estime que plus de 13 millions de tonnes de bois par an sont utilisés par les Maliens pour leurs besoins domestiques)
- dégradation des sols et des forêts par l’agriculture, l’élevage et les sites miniers
- perte de biodiversité et diminution des revenus des populations.
Pour Mme Kone, surmonter ces défis appelle à davantage de coordination entre les acteurs impliqués, à plus de synergies régionales, sous régionales et avec les 3 COP ainsi que la mise en œuvre de projets intégrateurs.
Défis du changement climatique au Sahel
Le changement climatique et la désertification des terres au Sahel appellent à des réponses urgentes, adaptées et coordonnées. La région sahélienne figure parmi les zones les plus exposées aux impacts du changement climatique avec une augmentation des températures à un rythme 1,5 fois supérieur à la moyenne mondiale, selon les scénarios du GIEC.
La désertification des terres, qui se traduit par la dégradation des sols arables et cultivables, figure parmi les conséquences. Or, les terres sont des ressources indispensables à la survie au Sahel. En effet, les principaux revenus de plus de deux sahéliens sur trois dépendent de l’agriculture et du pastoralisme.
Sur le long terme, la désertification des terres engendre une baisse des rendements agricoles, un bouleversement des modes de subsistances traditionnels, des crises alimentaires, sociales, des phénomènes de migration et ainsi une montée de l’insécurité et de l’instabilité.
Plusieurs modes d’action
Ces préoccupations communes sont partagées par l’ensemble des membres Alliance Sahel. Ils agissent pour lutter contre la désertification, notamment à travers le financement de projets au Sahel. 10% des projets en cours labélisés Alliance Sahel (107 projets sur 1000) ont un objectif significatif ou principal pour le marqueur Désertification.
Par ailleurs, les membres de l’Alliance Sahel soutiennent les efforts menés par les communautés sahéliennes dans le cadre de programmes contribuant aux objectifs de la Grande Muraille Verte.
Christian Geosits, responsable de l’unité de coordination de l’Alliance Sahel, a souligné dans son intervention que:
L’étroite corrélation entre l’adaptation au changement climatique, la sécurité alimentaire et la résilience des populations a été reconnue à plusieurs reprises par les membres de l’Alliance Sahel. Nous encourageons les pays partenaires à mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires à un développement rural résilient et durable, une meilleure gestion des ressources naturelles et des systèmes de production rémunérateurs, la résilience économique, sociale et environnementale des populations. Ce sont des objectifs communs, que nous partageons avec la Grande Muraille Verte, et je salue les efforts engagés par les gouvernements et les partenaires dans la mise en œuvre de cette initiative régionale. »
Grâce au reboisement, à l’agroforesterie et aux pratiques de gestion durable des terres, les communautés restaurent des terres dégradées tout en garantissant la santé des sols et l’efficacité de l’eau. Cette approche met l’accent sur les connaissances et les ressources locales, permettant aux communautés de renforcer leurs propres écosystèmes et leurs moyens de subsistance. En centrant le processus de renforcement de la résilience sur les acteurs locaux, ces efforts s’alignent étroitement sur les priorités des communautés pour un impact durable.
L’Alliance Sahel s’engage avec la société civile et les gouvernements locaux, tant au niveau stratégique que technique, et reconnaît le rôle clé de ces acteurs pour relever les défis posés par le changement climatique et la désertification dans la région.
La COP 16 : un événement fédérateur
La COP 16 offre l’opportunité de partager les expériences et les meilleures pratiques, mais aussi d’encourager des partenariats multi-acteurs pour lutter contre la désertification, améliorer la sécurité alimentaire et augmenter la production agricole grâce à des pratiques durables, résistantes à la sécheresse et aux inondations.
Le side event a permis de faire un état des lieux, d’aborder les réussites concrètes des acteurs sahéliens, notamment au sein de projets soutenus par les initiatives conjointes des membres de l’Alliance. L’événement a permis de mettre en lumière les meilleures pratiques et de fournir une opportunité de dialogue entre les partenaires du développement, les sociétés civiles et les représentants des autorités sahéliennes. Les synergies ont été encouragées, ainsi que la coordination dans la mise en œuvre de projets contribuant à la restauration des terres, y compris dans le cadre de l’initiative de la Grande Muraille Verte.
Les intervenants ont enrichi la rencontre de leurs expertises et expériences, sous la modération de Mme Paola Agostini, Lead Natural Resources Management Specialist, World Bank:
- Mme Kanouté Fatoumata Kone, Directrice Générale des Eaux et Forêts, ministère de l’Environnement, de l’assainissement et du Développement durable, Mali
- M. Paul Djiguemde, Conseiller technique, ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement du Burkina Faso
- M. Amadou Diallo, Conseiller technique, Ministère de l’Environnement, de l’assainissement et du Développement durable, Mali
- M. Abdou Ibrahim, Directeur Général, Agence nationale de la Grande Muraille Verte du Niger
- M. Abakar Zougoulou, Directeur technique et scientifique, Agence panafricaine de la Grande Muraille Verte
- Mme Patricia Mbaireogou, représentante de la Caravane Verte des Jeunes de la Grande Muraille Verte
- M. Adama Doulkom, représentant de la société civile
- M. Edward Kilawe, Senior Forestry officer, Bureau Régional Afrique de la FAO
- M. Adamou Issaka, Bureau régional, Programme Alimentaire mondial
- M. Kodou Choukou, DG Agence Nationale de la Grande Muraille Verte du Tchad
Parmi les recommandations des intervenants lors de la conférence:
- l’importance de prendre en compte les connaissances endogènes des populations
- la place prépondérante des femmes sahéliennes dans la gestion des terres
- la nécessité de davantage collaborer avec les universités et centre de recherche de la région pour lutter contre la dégradation des sols
- l’incontournable collaboration entre les différents acteurs à tous niveaux
Cet événement contribue aux deuxièmes et troisièmes priorités stratégiques de l’Alliance Sahel liées à la résilience et au développement territorial.
Ce side event constitue une étape importante dans les efforts des membres de l’Alliance du Sahel pour poursuivre le dialogue avec la société civile et les gouvernements locaux afin de trouver des synergies et des solutions à fort impact, y compris au niveau local.
Galerie photos de l’événement
Aller plus loin