Crise au Sahel: défis et perspectives pour la mobilisation des partenaires du développement
Comment la conjonction des crises et l’instabilité politique au Sahel affectent-elles les efforts de développement ? Comment les partenaires du développement peuvent-ils apporter un appui plus efficace et efficient à la population sur le terrain ? Telles étaient les deux questions au cœur des échanges lors d’un événement de haut niveau organisé par l’Alliance Sahel. Intitulé « Crise au Sahel: défis et perspectives pour la mobilisation des partenaires du développement », cet événement s’est déroulé dans le cadre des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI à Marrakech, le 12 octobre 2023.
À cette occasion, la ministre allemande de la Coopération économique et du Développement, Svenja Schulze, a souligné que son pays – qui vient d’assumer la présidence de l’Assemblée générale de l’Alliance Sahel – ainsi que les autres membres de l’Alliance « demeurent des partenaires fiables qui poursuivront leur appui aux populations de la région du Sahel à travers l’assistance civile et la promotion de la sécurité humaine par le biais de politiques d’aide au développement. »
Cet engagement à rester mobilisé en des temps difficiles a également été repris par la directrice générale de la Banque mondiale, Anna Bjerde, qui a appelé à réévaluer l’engagement des partenaires.
La situation au Sahel se trouve à un moment critique, qui doit nous amener à réexaminer nos efforts et à effectuer les changements nécessaires. Nous devons collectivement étudier ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné. (…) Nous reconnaissons que, pour maintenir notre engagement, il nous faudra innover, adapter et réévaluer nos approches sur la base des enseignements tirés. Néanmoins, notre stratégie de maintien de notre engagement doit placer en son cœur la priorité accordée aux populations, » a souligné Anna Bjerde.
Les ministres mauritaniens et tchadiens ont tous deux appelé à une approche collective et à mettre l’accent sur la prévention pour permettre l’appui nécessaire aux populations sahéliennes menacées par des crises multiples et une instabilité croissante. Le ministre mauritanien de l’Économie et du Développement durable, Abdessalam Ould Mohamed Saleh, a rappelé le déséquilibre continue entre la croissance économique et la démographie, entraînant une augmentation du nombre de pauvres et de chômeurs. Il a également insisté sur l’importance de répondre aux besoins de la jeunesse et de renforcer les systèmes d’éducation. Le ministère tchadien de l’Économie, de la Planification du Développement et de la Coopération internationale, For Moussa Batraki, a également évoqué l’important flux de réfugiés fuyant le conflit au Soudan pour se réinstaller au Tchad, alors que le pays est confronté à d’immense défis de développement, notamment les chocs climatiques et l’insécurité alimentaire.
Le besoin d’une réponse plus rapide et à une échelle appropriée a également été repris par l’administrateur de la Banque mondiale représentant les pays du Sahel au Conseil d’administration, Abdoul Salam Bello.
Dans son discours de clôture, Ousmane Diagana, président du Comité de pilotage opérationnel de l’Alliance Sahel et vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a noté le besoin d’étendre conjointement nos investissements « pour atteindre des résultats concrets dans les trois secteurs prioritaires où nous pouvons avoir le plus grand impact : le premier consiste à répondre aux besoins de la jeunesse à travers des programmes d’éducation et d’emploi ; le second, à développer la résilience par le biais de programmes de protection sociale et le dernier, à promouvoir le développement local par le biais d’initiatives intégrées. »
Concernant les prochaines étapes, les membres de l’Alliance Sahel se sont entendus collectivement pour faire le point sur les changements récents et réfléchir aux enseignements tirés en matière d’engagement international dans la région. Ils ont également reconnu le besoin de redoubler d’efforts afin de développer les synergies existantes et renforcer encore les collaborations autour des priorités identifiées pour un impact plus important sur le terrain.
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