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En Mauritanie, les jeunes se forment pour développer les emplois dans le secteur de la pêche

Confrontée à un taux de chômage élevé parmi la jeunesse, la Mauritanie renforce son offre de formations professionnelles à destination des jeunes afin de favoriser leur accès à des emplois viables et décents. Dans le nord du pays, le focus est mis sur le secteur de la pêche artisanale, un secteur prometteur en raison de son potentiel de croissance et de ses nombreuses promesses d’emplois. A Nouadhibou, principal port de pêche et cœur économique du pays, les acteurs et actrices du programme Promopêche, financé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID), ouvrent l’horizon professionnel des jeunes mauritaniens.

 

 

La Mauritanie dispose de nombreux atouts pour le développement du bien-être social et économique de sa population. Avec une zone de pêche considérée comme l’une des plus riches du monde (plus de 600 espèces, dont une grande partie fait l’objet de commercialisation), et une population très jeune, 60% a moins de 25 ans, le pays souhaite valoriser au mieux son potentiel en accélérant l’accès à l’emploi des jeunes.

 

 

En effet, l’inclusion professionnelle de la jeunesse mauritanienne est préoccupante: alors que les jeunes de 15 à 35 ans représentent plus de 60% de la population en âge de travailler, cette catégorie est aussi la plus représentée parmi les personnes sans emploi. Selon les données de l’OIT, un jeune sur trois est au chômage, et dans la catégorie des 15-24 ans, ce taux monte à près de 50%. Entrer sur le marché du travail mauritanien est donc difficile, en particulier pour les femmes, nombreuses à être exclues du marché du travail. L’emploi des jeunes est une préoccupation majeure du gouvernement qui a mis en place une série d’actions, telles que l’organisation de formations professionnelles dans les secteurs porteurs.

 

 

A Nouadhibou, ville du nord du pays, le secteur de la pêche artisanale est la principale source d’emploi. Les pêcheurs y réalisent près de ¾ des captures de la pêche artisanale et côtière (soit 250.000 tonnes de produits de la mer par an), générant environ 55% du chiffre total de la pêche artisanale et côtière mauritanienne. Les principales recettes du secteur de la pêche artisanale se font grâce à l’exportation des produits congelés, des poissons frais et de la farine de poisson. Malgré un ralentissement depuis 2020 en raison de l’impact de la pandémie mondiale de coronavirus, les perspectives économiques du secteur sont bonnes et les opportunités d’emploi nombreuses. Le Ministère mauritanien des Pêches et des Économies Maritimes (MPEM) a donc décidé de mettre sur pied une série de formations destinées aux jeunes et aux femmes au niveau de toute la chaîne de valeurs de la pêche artisanale.

 

 

Deux centres nationaux de formation à Nouadhibou ont été sollicités pour l’organisation des formations: le Centre de qualification et formation aux métiers de la pêche (CQFMP) et l’Institut supérieur des sciences de la mer (ISSM), tous les deux faisant partie de l’Académie navale.

 

 

Dans l’atelier du Centre de qualification et de formation aux métiers de la pêche (CQFMP), quinze jeunes garçons ont suivi la formation de réparation des moteurs hors-bord. Mamadou Alassane Sall, 23 ans, nous partage son enthousiasme:

 

 

En Mauritanie, la transformation à forte valeur ajoutée des produits de la pêche artisanale est pratiquement inexistante. Une formation en transformation des produits halieutiques, ciblant en particulier les femmes, a été réalisée par les formateurs du centre de formation CQFPM. Nous y avons rencontré Binta Ndiaye, 31 ans, en cours d’apprentissage des techniques de transformation des produits de la mer, comme le salage et le séchage. Journalière dans une usine, son horizon professionnel s’ouvre au sein du groupe de participantes qui rêvent de se lancer, ensemble ou en autonomie.

 

 

 

Traditionnellement, la Mauritanie n’est pas un pays de pêcheurs, contrairement à ses voisins, le Maroc et le Sénégal, mais les sécheresses successives ont petit à petit tourné les nomades vers la mer. Trop peu enraciné au sein de la population mauritanienne, le secteur de la pêche gagnerait à se développer. Mohamed Saad Bouh Elemine, responsable à Nouadhibou du CQFMP, nous décrit la mission de ce dynamique institut national et nous en dit plus sur la place du secteur de la pêche au sein de la tradition mauritanienne :

 

 

 

Abdellahi Melainine, Professeur de l’ISSM, pilote la formation « hygiène et qualité » rassemblant 250 vendeuses de poisson. Présentes depuis parfois de nombreuses années dans le domaine de la pêche, la plupart de ces femmes n’ont jamais suivi de formation. Leurs conditions de travail sont difficiles et nombreuses peinent à gagner dignement leur vie. Abdellahi Melainine témoigne de l’importance de la formation pour les femmes de Nouadhibou :

 

 

 

Les thèmes des formations ont été identifiés suite à une enquête réalisée par l’équipe du projet parmi tous les acteurs du secteur : pêcheurs artisanaux, mareyeurs, transformateurs et transformatrices des produits halieutiques, vendeuses de poissons (un collectif estimé à 1800 personnes, principalement des femmes).

L’enquête menée par l’AECID a notamment mis en lumière les nombreuses difficultés rencontrées par les femmes. Présentes en nombre dans les activités de transformation et de vente des produits de la pêche, elles manquent d’équipement pour le stockage des produits et de moyens de transport des poissons, altérant la qualité des produits et entraînant des pertes. En outre, ces femmes disposent de peu de fonds disponibles pour accéder régulièrement aux produits et manquent d’organisation collective.

Spécialisé dans le domaine de la pêche, Bah Hmoudi travaille depuis 2 ans en tant qu’expert en chaîne de valeur au sein du projet Promopêche composante AECID. Il nous décrit les formations qui ont débuté, suite à l’écoute des acteurs du secteur:

 

 

 

Promopêche : un programme de l’UE en soutien aux priorités de la Mauritanie

Lancé en 2019, cette activité de formation mise en œuvre par l’AECID soutient les priorités du gouvernement mauritanien qui a inscrit la pêche artisanale comme l’un des moteurs d’une plus grande inclusion de la jeunesse et des femmes dans le marché du travail. Outre la formation professionnelle des jeunes, deux autres piliers viennent compléter ce projet: la promotion de la pêche artisanale durable et la sensibilisation de la population sur la pêche responsable et durable. L’objectif global est de contribuer à la promotion de l’emploi et à l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations les plus vulnérables du nord de la Mauritanie.

 

 

Ce projet s’inscrit dans le programme Promopêche, labélisé Alliance Sahel. Financé par l’Union Européenne, il est destiné à soutenir la création d’emplois décents et à consolider l’emploi des jeunes dans le secteur de la pêche artisanale à travers des activités mises en œuvre par 3 partenaires: l’OIT, la GIZ et l’AECID.

 

 

 

Soutenir la jeunesse: une priorité pour l’Alliance Sahel

Créer des opportunités économiques pour les plus jeunes dans les pays du G5 Sahel est une priorité de l’Alliance Sahel: « Le Sahel est une région dynamique avec une population jeune et entreprenante, pleine de potentiel : un meilleur accès à la formation, au développement des compétences et un soutien à l’esprit d’entreprise peuvent déboucher sur des opportunités concrètes d’emploi pour les jeunes, leur redonnant confiance dans l’avenir », écrivent Sandra Kramer, Directrice des relations UE-UA, Afrique Occidentale et Orientale à l’Union Européenne, et Maria Shaw-Barragan, Directrice de département à la BEI, dans le rapport des 3 ans de l’Alliance Sahel.

En 3 ans (2017-2020), près de 500.000 personnes, parmi lesquels de nombreux jeunes, ont bénéficié d’une formation professionnelle ou d’initiatives permettant de développer ses compétences, grâce à l’appui des membres de l’Alliance Sahel.

 

Copyright photos: Aude Rossignol

Pour aller plus loin:

 

Sources:

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