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Réflexion collective au cœur des ateliers des groupes de coordination de l’Alliance Sahel

L’Unité de Coordination de l’Alliance Sahel (UCA) a organisé des ateliers réunissant l’ensemble des groupes de coordination permanents de l’Alliance les 23 et 24 novembre à Bruxelles : les cinq groupes sectoriels (Agriculture, développement rural et sécurité alimentaire, Décentralisation et services de base, Education et employabilité des jeunes, Energie, Gouvernance), les trois groupes thématiques (Genre, Climat, Secteur Privé) et les deux groupes transversaux Zones prioritaires et Cadre de dialogue Alliance Sahel – G5 Sahel. Le Secrétariat exécutif et les Coordonnateurs nationaux (CNC) du G5 Sahel, ainsi que les secrétariats de la Coalition pour le Sahel et du Partenariat pour le Sécurité et la Stabilité au Sahel (P3S) ont été invités et ont participé à ces ateliers, portant le total des participants à près de 170 personnes, présentes ou connectées virtuellement.

L’objectif principal de ces ateliers était de renforcer l’articulation entre travail des groupes sectoriels et thématiques, cadre de résultats et de redevabilité de l’Alliance, dialogue sur les réformes de politiques publiques (et leur suivi) dans les pays du G5 et activités opérationnelles sur le terrain.

A l’issue de ces ateliers, plusieurs recommandations ont été formulées, notamment pour améliorer le cadre de redevabilité et de résultats de l’Alliance Sahel. La plupart des groupes ont procédé à la reformulation/précision des indicateurs existant et ont souhaité ajouter de nouveaux indicateurs. Concernant les questions de climat et de Genre, si la remontée des données de portefeuille relatives aux marqueurs de Rio et au marqueur genre s’est significativement améliorée, elle reste insuffisante et ne permet pas d’avoir une vision exhaustive et fidèle de l’ensemble des projets des membres concourant aux objectifs de lutte contre le changement climatique et de promotion du genre et de leur évolution. Un plaidoyer va donc être mené au sein de chaque pays/institution membre pour faire davantage remonter ces données, normalement bien suivies par chaque organisation et donc disponibles. Sur la base des enseignements (limites, difficultés…) tirés du rapport de résultats des 3 ans de l’Alliance Sahel des recommandations ont été dégagées pour le prochain rapport de résultats qui sera publié en 2023. Il s’agit notamment d’associer les groupes sectoriels à l’élaboration du rapport, pour contribuer à l’analyse qualitative des données collectées et formuler des conclusions et recommandations opérationnelles par secteur/thématique.  Il s’agira également pour les analyses sectorielles, de tenir compte des analyses des groupes thématiques (climat, genre, secteur privé) – et de privilégier les regards/analyses « croisés ». Également, dans l’analyse produite dans le futur rapport, il conviendra de mieux prendre en compte le contexte sécuritaire qui prévaut dans les pays du G5 et l’impact des crises.

Concernant le fonctionnement des groupes de coordination, ces derniers ont formulé plusieurs recommandations: nécessité de conserver un fonctionnement souple des groupes et de bien garder à l’esprit leur caractère « technique » ; encourager la participation des partenaires du G5 et des acteurs locaux ; renforcer le lien avec le terrain et notamment avec les groupes de coordination sectoriels existant dans les pays du G5 ; inviter des experts externes à participer aux échanges sur des thématiques précises ; favoriser le partage d’initiatives, de bonne pratiques et de possibilités de co-financements ; renforcer les travaux inter-groupes …

 

Synergie et interactions entre les groupes de coordination

 Les sessions inter-groupes avaient pour but de créer ou renforcer les synergies entre groupes et de faire émerger des sujets d’intérêts transversaux communs. L’objectif était également de discuter d’une éventuelle reconfiguration des groupes, en fonction des compétences partagées et des potentiels chevauchements constatés.

En conclusion des échanges, les groupes se sont engagés à renforcer leurs collaborations en partageant plus largement l’information, en s’invitant mutuellement aux réunions organisées par chacun et en travaillant conjointement sur des thématiques précises, dont certaines ont d’ores et déjà été identifiées (par exemple le maintien à l’école des filles en situation de crise pour les groupes Education et Genre ou l’Initiative de la Grande Muraille Verte pour les groupes Agriculture et Climat). Il a également été proposé d’organiser des événements conjoints (tables rondes, webinaires, ateliers, etc.), à l’instar de l’atelier conjoint coorganisé par les groupes Gouvernance et Décentralisation/services de base à Niamey en 2019. Enfin, en termes de reconfiguration, il a été proposé que le groupe Jeunesse intègre le groupe Éducation et employabilité des jeunes.

 

Un engagement renforcé envers les zones prioritaires

La promotion des modes d’action innovants et plus flexibles, davantage adaptés aux contraintes rencontrées dans les zones d’intervention, tant côté bailleurs que côté partenaires, en vue d’accroître l’efficacité et les impacts des projets financés, fait partie des principes clefs de l’action de l’Alliance et des engagements pris par ses membres. Plusieurs membres ont réussi à mettre en place des procédures adaptées et flexibles dans les zones vulnérables pour y intervenir de façon plus rapide et efficace et être en mesure de réorienter rapidement leurs projets en fonction de l’évolution du contexte de leur mise en œuvre (par exemple en cas de détérioration de la situation sécuritaire). Cette capacité d’adaptation a fait la preuve de son efficacité dans les réponses apportées par de nombreux membres à la crise liée à la pandémie de COVID-19 (accélération des procédures d’instruction, adaptation des modalités de mise en œuvre, etc..).

La session de travail sur les zones prioritaires a été l’occasion de recenser 12 cas concrets d’adaptation de procédures et d’en faire ressortir quatre grandes catégories d’application : (i) cycles d’instruction simplifiés et raccourcis ; (ii) mise en œuvre plus efficace et rapide ; (iii) nouvelles méthodes de monitoring/suivi en exécution ; (iv) passations de marchés nationales adaptées aux zones fragiles.

Les participants ont relevé la nécessité de travailler de façon conjointe et concomitante sur l’adaptation des procédures avec les partenaires nationaux, pour s’assurer de la pertinence et de l’efficience des mesures qui sont envisagées ou décidées. Ils encouragent en particulier le partage d’expériences entre les États du G5 Sahel mais également entre membres de l’Alliance sur les simplifications de procédures relatives aux codes des marchés publics. Une task-force a été constituée au sein du groupe Zones prioritaires pour affiner le travail de recensement des cas / expériences d’adaptation, capitaliser sur les bonnes pratiques identifiées et formuler des recommandations opérationnelles.

 

Un outil pragmatique pour la mise en œuvre de l’Approche territoriale intégrée (BDD ATI)

Un point d’étape sur le développement de la base de données ATI a été présenté lors de ces ateliers. Pour mémoire, cette base de données répertorie les différentes activités financées par les membres de l’Alliance dans les zones prioritaires retenues, ainsi que toutes les données contextuelles nécessaires à la production d’analyses croisées, pour faciliter les décisions d’intervention, leur planification et leur cohérence/coordination.

Les partenaires du G5 ont recommandé au groupe Zones prioritaires de proposer des modalités de partage, afin qu’ils puissent également bénéficier de la BDD ATI comme outil d’aide à la décision et à la planification dans les zones prioritaires.

Plusieurs membres ont plaidé fortement pour accorder une importance plus grande aux zones de prévention, y accroître significativement le soutien et les interventions afin de limiter l’expansion des conflits et des crises. L’ATI doit contribuer à structurer l’effort collectif dans ces zones qui risquent sinon de rapidement basculer, à y conforter une présence positive des services déconcentrés et décentralisés, à y assurer la fourniture des services essentiels, à y contenir le sentiment d’exclusion qui peut prévaloir chez certaines populations (les jeunes en particulier). A ce titre, il a été rappelé que les diagnostics établis par les Risk and Resilience Assessment (RRA) constituent un outil d’aide à la planification pertinent, permettant d’identifier les vulnérabilités propres à chaque zone et de mieux comprendre et traiter les ressorts de la fragilité.

Les participants ont également recommandé de porter une attention toute particulière aux dynamiques urbaines dans le Sahel, qui n’apportent pas les dividendes attendus en termes de création d’emplois et de richesse et peuvent se traduire par de fortes déstabilisations. Outre les capitales, les villes secondaires constituent un maillage territorial déterminant pour limiter la propagation des conflits et des crises.

Enfin, la zone du Liptako Gourma, épicentre de la crise sahélienne actuelle, a été citée à de multiples reprises comme une des zones où l’Approche territoriale intégrée devait réussir à mettre en cohérence et maximiser l’impacts des nombreuses interventions existantes. Malgré tous les efforts financiers et politiques entrepris, la situation continue de se dégrader. Une coordination renforcée, une planification et un suivi plus rigoureux pourraient contribuer à obtenir des résultats positifs tangibles pour les populations locales.

Les recommandations des ateliers des groupes de coordination ont fait l’objet d’une note de décision qui a été accueillie favorablement et validée par le 7eme Comité de Pilotage Opérationnel de l’Alliance. Les travaux des groupes sur leurs engagements et recommandations se poursuivront au premier semestre 2022.

Galerie photos des ateliers:

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