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Un temps de réflexion et de dialogue pour une approche territoriale au service des populations sahéliennes

Lors de la première Assemblée générale de l’Alliance Sahel en février 2020 à Nouakchott, les membres de l’Alliance Sahel ont reconnu la nécessité d’intensifier leur coordination opérationnelle sur le terrain pour améliorer l’efficacité et l’impact de leurs appuis en faveur des populations. En particulier, il a été recommandé de promouvoir une démarche différenciée sur les zones fragiles selon une approche territoriale intégrée.

L’approche territoriale intégrée (ATI) a été créée, visant à articuler une réponse coordonnée des acteurs, portée par les autorités locales sahéliennes, cohérente avec les besoins des populations et les stratégies locales, régionales et/ou nationales. Son objectif est de créer les conditions d’une sortie de crise durable au Sahel, et de se bâtir sur les plans de développement locaux.

Malgré des avancées notables, l’opérationnalisation de l’ATI représente un défi de taille. Des réussites ont été enregistrées, notamment en Mauritanie et au Tchad. Mais en raison de l’évolution de la situation sécuritaire et des dynamiques locales dans plusieurs pays, de nombreuses difficultés ont été rencontrées.

Tenant compte de ce contexte, les membres de l’Alliance Sahel ont souhaité prendre un temps de réflexion avec les acteurs locaux sahéliens. L’atelier a rassemblé près de 50 participants issus des institutions membres de l’Alliance Sahel, des collectivités territoriales et des associations nationales de pouvoirs locaux du Sahel, d’institutions de financement des collectivités locales, d’organisations de la société civile, d’ONG et de think tank.

En introduction, Abdoulaye Maiga, Président de l’Association des Régions du Mali et Président du Conseil Régional de Mopti, a salué la tenue de cette rencontre :

Après plusieurs années de mise en œuvre de l’ATI, une pause est nécessaire pour analyser les réalisations, les manquements et l’impact de ce qui n’était pas attendu, comme les effets du changement climatique et l’insécurité. Au terme de cet atelier, nous attendons des orientations claires et précises pour chaque pays afin de permettre aux populations de mieux respirer dans un contexte extrêmement compliqué. »

Abdoulaye Maiga, Président de l’Association des Régions du Mali et Président du Conseil Régional de Mopti

Lors de son discours d’ouverture, Domenico Papisca, Directeur Sahel au Tony Blair Institute for Global Change (TBI) a rappelé l’objectif de l’ATI : produire des résultats tangibles dans un contexte complexe.

L’ATI est un outil pour soutenir les collectivités territoriales dans leur réponse aux aspirations croissantes des jeunes, aux besoins en services de base des populations et aux impacts de plus en plus visibles du changement climatique. »

Il a également souligné que :

L’ATI offre un cadre propice à une collaboration renforcée entre la communauté internationale et les collectivités locales pour atteindre cet objectif. En mettant les populations au centre du développement, elle reconnaît que les solutions les plus durables sont celles construites ensemble avec les acteurs locaux. »

Domenico Papisca, Directeur Sahel au Tony Blair Institute for Global Change (TBI)
Cheikh Ewa, Coordinateur de la Cellule de coordination des projets de développement du Hodh Chargui (Mauritanie)

Le premier jour, les participants ont examiné les réalisations et les résultats obtenus grâce à l’ATI. Les travaux ont notamment permis de révéler plusieurs leçons utiles pour la suite de la mise en œuvre de l’ATI. Deux gages de réussite ont été particulièrement relevés : la stabilité institutionnelle et l’appropriation politique de l’ATI à plusieurs niveaux.

Dans cette perspective, les acteurs impliqués doivent être clairement informés et sensibilisés aux fondements de l’ATI et à sa pertinence pour les dynamiques de développement local. Par ailleurs, il a été mentionné que des cadres de concertations réguliers permettent une meilleure coordination entre les états et les partenaires. Les participants se sont également penchés sur l’indispensable question des modalités de financement à court et moyen terme.

S’appuyant sur ce bilan, les participants se sont ensuite penchés sur les priorités d’amélioration des initiatives et sur leur financement pour répondre aux besoins de chaque pays.

Une session a été dédiée au financement du développement local et à la présentation des mécanismes existants. Plusieurs représentants des institutions de financement des collectivités locales (IFCL) du Sahel ont présenté le travail de leurs structures. Ces interventions ont alimenté la réflexion sur les contours et modalités d’une initiative conjointe de financement de l’ATI pour répondre aux besoins spécifiques de chaque pays en termes de planification locale et de fourniture de services de base.

Au terme de l’atelier, des recommandations et des orientations ont été formulées et feront l’objet d’un suivi par un groupe de travail dédié.

Parmi les recommandations, et de manière non exhaustive :

  • La nécessité de travailler à une meilleure connaissance des territoires avec la collecte de données harmonisées et la prise en compte d’imprévus, telles que les calamités climatiques.
  • Le renforcement du dialogue avec les partenaires locaux, notamment via un cadre de concertation politique. Les Associations de Pouvoirs Locaux jouent ici un rôle clé.
  • La valorisation de l’expérience positive de l’ATI en Mauritanie comme bonne pratique pour l’opérationnalisation de l’approche dans les autres pays de la région.
  • L’importance de la valorisation de réalisations concrètes pour faciliter l’adhésion et l’appropriation de l’ATI.
Blandine Cupidon, Chargée de la coordination des membres de l’Alliance Sahel
Travail des participants en sous-groupes

Lors des conclusions de l’atelier, Blandine Cupidon, en charge de la coordination des membres de l’Alliance Sahel, a souligné la volonté collective des participants de renforcer l’engagement avec les autorités nationales, locales et la société civile dans le cadre de l’ATI :

L’ATI n’est pas un concept figé, mais bien un cadre dynamique, à géométrie variable. C’est en collaboration avec les autorités locales et la société civile de chaque territoire, en tenant compte de ses spécificités, de ses fragilités et de ses évolutions, que doit se co-construire et se mettre en œuvre l’ATI. Ce séminaire n’est pas une fin en soi, mais un point de départ pour un dialogue qui doit se poursuivre sur le terrain. »



Multi-sectorielle, l’ATI promeut le développement local et décentralisé, en se basant sur des analyses communes et des procédures de financement et de mise en œuvre flexibles et adaptées.

En collaboration avec les autorités locales, régionales et nationales, 10 zones d’intervention prioritaires ont été identifiées. Les membres Alliance Sahel y concentrent leurs efforts.

L’Approche Territoriale Intégrée se structure autour de 5 objectifs principaux :

  1. Définir des zones d’effort prioritaires en lien avec les autorités de chaque pays;
  2. Réaliser un diagnostic commun des zones prioritaires;
  3. Mener un dialogue rapproché avec les autorités nationales et les collectivités territoriales;
  4. Définir une stratégie opérationnelle adaptée à chaque territoire;
  5. Favoriser la coordination des acteurs locaux, régionaux, nationaux, militaires, sécuritaires, humanitaires et du développement et la cohérence de leurs actions.

En complément, les membres de l’Alliance Sahel se sont positionnés en faveur de cofinancements ou d’instruments conjoints, comme la création de la Facilité Sahel en 2021.

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