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Relever le défi de l’autonomisation des femmes au Sahel

Depuis la création de l’Alliance Sahel en 2017, de nombreux projets aux approches parfois inédites contribuent à une plus grande autonomie des femmes et à plus d’égalité entre les genres. Voici l’illustration de quelques projets soutenus par l’Alliance Sahel, qui changent la vie des femmes (et de l’ensemble de la famille!) dans les pays sahéliens.

 

Et si hommes devenaient acteurs de la lutte contre les inégalités entre les sexes ?

Au Burkina Faso, une école d’un genre inédit a vu le jour: l’école des maris, un lieu d’apprentissage et de dialogue où les hommes se réunissent chaque semaine pour échanger sans crainte de jugement. L’idée derrière ces clubs d’un nouveau genre? Améliorer l’égalité des sexes en éveillant les hommes aux droits des femmes, à la répartition des tâches ménagères, à la planification familiale, à la grossesse ou encore à la charge mentale.

Ouanibaouiè Bondé, facilitatrice du club des maris dans le village de Boni, explique:

Ici, ils peuvent parler sans crainte du qu’en-dira-t-on, de sujets traditionnellement laissés aux femmes, comme la planification familiale, les consultations prénatales, la nécessité d’accoucher dans un centre de santé et les consultations postnatales. Convaincre les maris qu’ils ont leur rôle à jouer sur ces questions contribue à l’harmonie au sein des couples et des familles. »

Dans un pays aux traditions ancrées, l’initiative financée par la Banque mondiale porte ses fruits, comme en témoigne Martine Gnoumou, épouse de Waimbabie Gnoumou, participant de l’école des maris:

Le jour de mon accouchement, c’est mon époux qui m’a conduite à l’hôpital. Et il a voulu rester à mes côtés pendant mon accouchement. Ce jour-là, j’étais tellement contente que j’ai oublié la douleur. »

Les écoles des maris représentent l’une des composantes de l’initiative Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel (ou SWEDD, de son acronyme en anglais) qui couvre les pays du G5 Sahel et la Côte d’Ivoire. Sur l’ensemble de ce territoire, plus de 1.640 écoles des maris ont été créées depuis 2015!

 

Renforcer l’autonomie des femmes au Sahel, pour soutenir l’ensemble de la famille

Au Tchad, en ciblant les femmes, c’est en fait l’ensemble des membres du ménage qui voient leur vie changer. Roland Djelassem, Chargé de Suivi et Evaluation de la GIZ au Tchad, explique:

Lorsque les femmes arrivent à s’en sortir, on sent une harmonie et un dynamisme au sein de la famille. Si on vient en aide à une femme, elle peut prendre en charge la scolarité de son enfant, les frais de soins, la ration quotidienne de nourriture. Elles contribuent efficacement à la famille. »

Dans ce pays sahélien, l’intégration et la participation des femmes a été soutenue à tous les niveaux dans le projet de renforcement de la résilience et de la cohabitation pacifique (PRCPT), cofinancé par deux membres de l’Alliance Sahel, l’Union européenne et le BMZ (le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement de l’Allemagne). »

Ce projet a démarré par la création des plans de développement locaux recensant les besoins des habitants. Toutes les couches de la population ont été impliquées, en particulier les femmes et les jeunes, deux groupes généralement moins représentés au niveau des organes de décision. Sur base des besoins réels et des intérêts des groupes les plus vulnérables, les actions prioritaires ont été financées.

Autonomisation des femmes au Sahel - Projet PRCPT - Union européenne et GIZ

Ainsi, près de 200 infrastructures sociales bénéficiant particulièrement aux femmes et aux jeunes (écoles, centres de santé, points d’eau, latrines, etc.) ont été construites ou réhabilitées, ce qui a permis d’améliorer l’accès aux services sociaux de base à plus de 250.000 personnes! Des subventions ont également été accordées à des groupements de femmes maraîchères pour qu’elles puissent renforcer leur autonomie économique et contribuer financièrement au ménage.

Impliquer les femmes dans les organes de décision est une véritable révolution dans un contexte socio-culturel qui relègue souvent la femme aux rangs inférieurs et dans un pays au taux d’alphabétisation chez les jeunes particulièrement bas (22% pour les femmes et 41% pour les hommes).

 

Des agricultrices maliennes résilientes aux changements climatiques

Dans le domaine agricole, les femmes représentent jusqu’à 80% de la main d’œuvre du Sahel. Leur quotidien est étroitement lié aux produits de l’agriculture et aux ressources naturelles. Elles jouent un rôle crucial dans la gestion de l’alimentation et de la nutrition des familles. Mais la dégradation des terres et des ressources naturelles causée par le changement climatique les impacte de manière disproportionnée, les rendant vulnérables sur le plan économique et nutritionnel.

Alphonsine Dembele, maraîchère au Mali, raconte:

Je suis entrée dans le maraîchage il y a 20 ans. Nous ne connaissions que la production de l’échalote selon nos pratiques traditionnelles. Je n’avais aucune connaissance sur les techniques de production maraîchère. »

Pour renforcer son autonomie économique et sa résilience alimentaire, Alphonsine a participé à une formation dans le domaine de l’agriculture durable. Elle y a appris les techniques de production et de conservation des légumes:

Nous avons acquis de nouvelles connaissances qui améliorent les productions et augmentent nos revenus. Mieux, le programme nous a permis de diversifier nos productions maraîchères avec l’introduction de la culture de la pomme de terre, la tomate, le piment… qui aident beaucoup la sécurité alimentaire des ménages et contribuent à la réduction de la malnutrition des enfants, de la pauvreté et renforcent nos budgets. Cela a eu une influence positive sur la cohésion sociale, car les femmes [de différentes communautés ethniques] se rencontrent et dialoguent lors des sessions de formation sur le terrain. »

Financée par la coopération luxembourgeoise et mise en oeuvre par ONU Femmes, cette formation a déjà permis à plus de 11.000 agricultrices maliennes de renforcer leurs compétences et leur résilience.

 

Le genre, priorité de l’Alliance Sahel

Autonomisation économique des femmes agricultrices au MaliLa réalisation des droits des femmes et des filles et l’intégration d’une perspective genre sont des principes-clés de l’Alliance Sahel. Lors du récent comité de pilotage rassemblant les membres de l’alliance et les représentants des pays du G5 Sahel, l’Espagne l’a rappelé en citant la promotion de l’égalité de genre et des droits des femmes, comme l’un des thèmes centraux de la présidence espagnole de l’Alliance Sahel.

L’engagement des membres de l’Alliance Sahel en faveur de l’égalité de genre et du respect des droits des femmes et des filles fait écho aux priorités de la plateforme des femmes du G5 Sahel. Cette structure a pour mission principale de « contribuer à la prise en compte du genre et des priorités spécifiques des femmes y compris les filles à tous les niveaux dans les pays du G5 Sahel pour un développement harmonieux, sécurisé, équitable, inclusif et durable dans la région du Sahel. »

 


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