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Vers un avenir vert, résilient et inclusif : focus Sahel & climat lors des Assemblées annuelles de la Banque Mondiale

Le rendez-vous est devenu incontournable depuis plusieurs années : la région du G5 Sahel fait l’objet d’importantes réunions lors des assemblées annuelles et de printemps du groupe de la Banque Mondiale. Ce 26 octobre, la rencontre s’est centrée sur l’enjeu du changement climatique, un enjeu de taille au Sahel, où les températures augmentent 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale…  Rassemblant virtuellement plus de 110 participants, la session était co-présidée par M. Ousmane Diagana, Vice-Président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale, S.E. Ousmane Mamoudou KANE, Ministre mauritanien des Affaires économiques et de la Promotion des secteurs productifs, et M. Christoph Rauh, Président du Comité de Pilotage opérationnel de l’Alliance Sahel et Directeur Afrique du Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ).

« Mieux reconstruire après la crise : Vers un avenir vert, résilient et inclusif au Sahel », telle était la déclinaison thématique de la rencontre, lors de laquelle ont été introduit les « Rapports Nationaux sur le Climat et le Développement (CCDR) ». La rencontre organisée par la Banque Mondiale avait pour objectif de discuter les moyens de forger les actions indispensables aux changements pour créer l’environnement propice à un avenir meilleur.

Vue des participants à la réunion virtuelle

Le groupe de la Banque Mondiale s’est engagé pour qu’en 2025, 35 % des financements soient dirigés vers l’action climat. Lors de son élocution introductive, Ousmane Diagana a rappelé qu’au Sahel, les économies sont très dépendantes des ressources naturelles, fortement affectées par le changement climatique. Pour illustration concrète :  80% des terres agricoles sont actuellement dégradées au Sahel…. Le défis du changement climatique a des conséquences majeures dans le secteur agricole : les pays du G5 Sahel dépendent de l’agriculture qui constitue 40% du PIB et fourni 70% des emplois. Il est urgent d’introduire des mesures d’atténuation. Toujours sur la question de la dépendance aux ressources naturelles, M. Diagana a souligné que les pays du G5 Sahel sont encore tributaires des énergies fossiles. L’accès à l’électricité, cruciale pour le développement, concerne seulement 20% de la population dans l’espace G5 Sahel, 2 fois moins qu’en Afrique subsaharienne et le taux le plus faible au monde. Cette préoccupation a également été évoquée lors de l’intervention de S.E Alousséni Sanou, Ministre de l’Economie et des Finances du Mali, qui a rappelé que son pays s’est engagé à utiliser davantage les énergies renouvelables, à travers le développement des centrales photovoltaïques dans toutes les régions et de micro-barrages sur les affluents des fleuves Sénégal et Niger.

Ayant l’accès à l’énergie dans ses thématiques prioritaires, l’Alliance Sahel s’est fixée pour objectif de doubler le taux d’accès à l’énergie d’ici 2024. Le potentiel du Sahel en termes d’énergies renouvelables et le faible coût de ces énergies donne des perspectives encourageantes et réalistes.

Le triple défi du Sahel

Le Ministre Mauritanien Ousmane Kane a quant à lui insisté dans son intervention sur trois points étroitement liés et s’alimentant l’un l’autre : bien que ses potentiels soient énormes, la région du G5 Sahel reste encore caractérisée par la pauvreté, la dégradation du climat et l’insécurité. « Les pays du G5 Sahel sont tenus d’affronter les 3 défis en même temps. Les populations vivent d’abord du pastoralisme et de l’agriculture, et sont les premiers à souffrir du changement climat et de l’insécurité, facteurs de pauvreté ». La réunion a également été l’opportunité pour le Ministre Kane, et pour d’autres participants, d’aborder le projet de la Grande Muraille Verte. Selon le Ministre Kane, cette initiative répond à la plupart des problèmes posés au G5 Sahel et nécessite des engagements accrus.

S.E. Pauline Zouré-Kaboré, Ministre Délégué auprès du Ministre de l’Economie, des Finances et du Développement, chargé de l’Aménagement du Territoire et de la prospective, est intervenue notamment pour soulever l’importante question de la compensation pour la perte des terres agricoles qui surviennent à cause du changement climatique. Elle a également insisté sur la nécessité d’un dialogue continu avec les partenaires au développement sur la flexibilité des interventions et des procédures. Cette question de la flexibilité des procédures d’intervention a été largement reprise dans l’intervention de M. Christoph Rauh, s’adressant à l’audience en tant que Président du Comité de Pilotage de l’Alliance Sahel « Pour travailler efficacement dans les zones de conflit ainsi que dans les zones dites de prévention, nous avons besoin de plus de flexibilité dans nos instruments de coopération que nous utilisons dans les pays du Sahel. Les cycles de planification pluriannuels de nos programmes – qui ne peuvent alors plus être adaptés aux développements aigus – ne peuvent souvent pas fournir une réponse adéquate à la situation au Sahel. Et c’est une tâche pour nous, au siège de l’Alliance Sahel, de permettre à nos collègues sur le terrain de gagner en flexibilité ! Nous devrions faire pression en faveur d’une plus grande flexibilité dans nos approches et instruments de coopération, également dans le sens où nous pouvons faire un usage plus important des fonds et des fenêtres de fragilité également pour la prévention. » Ce qui fût l’occasion pour M. Rauh de rappeler que  L’Allemagne – en collaboration avec le Secrétariat du G5 – a lancé un tel instrument financier flexible – la Facilité Sahel – la semaine dernière en Mauritanie.

 

Les engagements de l’Alliance Sahel pour le climat

Adrien Haye, Coordonnateur de l’Alliance Sahel, est intervenu pour présenter les engagements concrets de l’Alliance Sahel dans le domaine du changement climatique. Il a rappelé que l’Alliance a mis en place peu de temps après sa création un groupe de coordination transversal dédié au climat, présidé par la Banque Africaine de Développement et les Pays-Bas, qui vise notamment à intégrer les objectifs d’atténuation et d’adaptation au changement climatique dans toutes les interventions de l’Alliance.

Initiative de reboisement dans la région de Maradi au Niger

Ce groupe a formulé plusieurs recommandations, parmi lesquelles renforcer le dialogue et la coopération avec le G5 sur la lutte contre le changement climatique et faciliter une mobilisation accrue des ressources. Cela se traduit notamment par des échanges techniques entre le groupe transversal Climat et les points focaux du G5 sur ces questions, un dialogue permanent, et des objectifs partagés dans le cadre des grandes initiatives et évènements internationaux sur le sujet, COP 26, COP15 Biodiversité ou encore l’initiative Grande muraille verte. Deuxième recommandation : mieux connaître et valoriser le portefeuille de projets des membres de l’Alliance Sahel en matière de lutte contre le changement climatique. En 2020, la collecte des données de nos membres relatives aux marqueurs de RIO dans les projets financés a été multipliée par 3 et montrent qu’au moins ¼ des projets labelisés Alliance Sahel ont un objectif climat principal ou significatif. Troisième recommandation : bâtir sur les appuis actuels pour renforcer les capacités au sein du G5 en matière d’intégration de la lutte contre le changement climatique dans les politiques publiques, capacités des acteurs publics mais aussi privés ou de la société civile, aux niveaux régional, national comme local. Notamment à travers une attention particulière portée au renforcement des capacités institutionnelles, au partage des connaissances entre pairs au niveau régional, mais aussi à la problématique, cruciale, de la finance climat.

Lors de la conclusion de l’évènement, M. Diagana a rappelé l’urgence d’agir, les coûts de l’inaction seront plus élevés. Les prises en charge doivent être faites de manière équitable en tenant compte de la responsabilité de chacun.


Les prochaines échéances sur l’agenda climat de l’Alliance Sahel :

  • Valoriser et démultiplier les projets qui intègrent la dimension climat et visent à accroitre la résilience des populations face au changement climatique – en particulier les populations les plus vulnérables -, et à préserver le capital naturel ;
  • Développer une vision plus fine des financements mis en œuvre à travers un reporting adapté (collecte des données relatives aux marqueurs de Rio)
  • Agir davantage sur le volet prévention et accroître la flexibilité de la programmation, en tenant compte des pays ou espaces moins directement impactés mais qui subissement indirectement les conséquences du changement climatique (populations déplacées, conflits liés à l’accès aux ressources…)

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