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Entretien avec Mamane Saidou, point focal du Comité national de coordination des actions du G5 Sahel au Niger

Afin de renforcer la coordination, chaque pays membre du G5 Sahel a mis en place un Comité National de Coordination (CNC) composé d’experts des secteurs d’intervention. Les CNC sont les répondants du Secrétariat exécutif du G5 et ont pour mission principale d’assurer la coordination et le suivi de la mise en œuvre des stratégies et actions développées dans le cadre de la coopération entre les Etats du Sahel. Ils sont les interlocuteurs privilégiés des délégation de l’Alliance dans chacun des pays du Sahel. Aujourd’hui, Mamane Saidou, point focal CNC pour le Niger, partage ses perspectives sur les priorités de coopération au Niger.

 

Crédit photo: Sani Ousseini/Alliance Sahel/2021
Mamane Saidou, point focal du Comité national de coordination des actions du G5 Sahel au Niger. Crédit photo: Sani Ousseini/Alliance Sahel/2021

 

Quelles sont les priorités du CNC G5 Sahel pour les questions de développement?

Les priorités portent sur la mise en œuvre effective des projets du Programme d’Investissements Prioritaires (PIP) du G5 Sahel et de son Programme de Développement d’Urgence (PDU). Il y a aussi le suivi du démarrage du Programme d’Aménagement Territorial Intégré (PATI) réalisé avec le soutien de l’UEMOA. Je pense essentiellement aux projets structurants, comme les projets d’infrastructures routières, pour lesquels nos accusons un retard important.

En 2020, nous avons organisé la revue des projets de l’Alliance Sahel au Niger, en collaboration avec les porte-paroles de l’Alliance au Niger et l’expert de liaison. Cette revue a permis de couvrir un large éventail de projets. Nous sommes aussi en train de réfléchir à organiser une seconde revue, qui correspondra à la clôture du PIP (2019-2021). Nous approchons de la préparation d’un nouveau PIP, qui couvrira probablement la période 2022-2026. Cette revue nous permettra de connaître ce qui a été effectivement réalisé, et c’est par ce canal que nous sommes en train de faire le suivi des actions. Nous avons deux grandes initiatives en cours de suivi: d’abord le PATI soutenu par l’UEMOA avec notamment un budget qui concerne la réhabilitation de l’abattoir de Tillabéry. Nous avons déjà effectué trois missions pour évaluer à quel niveau sont les travaux. Et dans le domaine de l’appui à la lutte contre la Covid 19, plus particulièrement pour soutenir la résilience des populations, avec le soutien de la Banque Africaine de Développement, il y a eu des achats et distributions de vivres dans la région de Tillabéry et Tahoua.

 

Quels sont les grands défis mais aussi les opportunités du Niger en termes de développement?

En termes de défis, je soulignerais tout d’abord la difficulté de mobilisation des ressources en faveur des projets de développement, l‘Alliance Sahel doit aider dans ce cadre-là. Deuxièmement, l’insécurité qui règne dans certaines régions du Niger constitue un risque majeur.

Pour ce qui est des atouts, le Niger est sur le point de lancer son nouveau Plan de Développement Economique et Social (PDES) qui va couvrir la période 2022-2026. Il servira de solide base pour les différentes interventions en matière de développement de manière globale. Par ailleurs, le G5 Sahel et sa dynamique régionale, notamment sur la zone des 3 frontières, permet la création de projets intégrateurs au regard des critère d’intervention du G5 Sahel.

Par ailleurs, le domaine du pastoralisme et les potentiels en énergie solaire sont deux atouts à mentionner également.

 

Quelle collaboration est menée avec l’Alliance Sahel?

La collaboration est très bonne et se passe essentiellement à travers l’action des deux porte-paroles de l’Alliance (représentants de la BAD et de l’AFD) et l’expert de liaison. Notre collaboration porte sur une meilleure connaissance des actions qui sont menées avec le soutien de l’Alliance à travers les échanges d’informations. Chaque fois que je suis amené à approfondir un domaine de l’Alliance Sahel, nous partageons les informations.

 

Quels sont les atouts, défis et perspectives de ce partenariat avec l’Alliance?

Il est difficile de restreindre ce partenariat à une période donnée, car au niveau de l’Alliance Sahel, la plupart des membres interviennent depuis longtemps au Niger. Le regroupement de ces partenaires au sein de l’Alliance permet de faciliter les choses pour une collaboration globale basée sur l’échange d’information.

En ce qui concerne les perspectives, il y a d’abord les deux programmes d’investissements prioritaires qui doivent être élaborés: le PDES dont les principaux financeurs sont presque exclusivement au sein de l’Alliance Sahel, c’est un partenariat capital. D’un autre côté, le nouveau PIP à élaborer au sein du G5 Sahel. En effet le PIP 2019-2021 arrive à terme et nous devons mettre en œuvre un nouveau programme et échanger avec les partenaires de l’Alliance Sahel pour mobiliser les financements nécessaires.

 

Comment s’incarne le volet développement du G5 Sahel au niveau local dans les régions au Niger?

Au niveau des régions, le Niger a adopté la décentralisation intégrale, chaque commune a son propre financement avec son conseil communal et son programme de développement communal élaboré. Les interventions locales se font à travers certaines ONG locales avec qui prennent attache les partenaires techniques et financiers. D’autres partenaires collaborent avec les ONG internationales et ces ONG interviennent dans le pays.

Nous avons aussi au Niger une institution importante, la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) qui intervient au niveau de certaines régions pour la mise en œuvre de projets via les financements des partenaires de l’Alliance Sahel. Dans ce cadre là nous avons au niveau de la région de Tillabéry, deux projets de l’AFD qui sont mis en œuvre par la HACP dans le domaine de la cohésion sociale avec les populations locales à travers les communes.

L’autre aspect que je voudrais souligner est que la politique de l’Approche Territoriale Intégrée qui est prônée au niveau de l’Alliance Sahel n’a pas encore suffisamment mûri au niveau des activités et des projets. Mais je pense que c’est quelque chose qui doit être fait car nous avons cette expérience avec le PATI financé par l’UEMOA, que ce soit avec la commune de Tillabéry où le comité de gestion de l’abattoir est un bon exemple. Si l’on va dans ce sens, on peut atteindre beaucoup d’acteurs locaux, notamment les jeunes.

 

Quels seront dans les mois à venir les principaux chantiers du CNC G5?

Les chantiers que nous avons est d’abord l’évaluation des projets du G5 Sahel via le PIP 2019-2021. Il y a aussi la formulation de projets concrets à impact rapide qui doivent être adoptés notamment en faveur des populations déplacées et des réfugiés. Nous voulons aussi suivre la mise en œuvre de l’ATI pour mieux l’intégrer dans les projets du G5 Sahel et stimuler le retour des services de base dans les régions qui en ont le plus besoin.

 

Quelles sont vos attentes au niveau de la collaboration avec l’Alliance Sahel?

Nous souhaitons intensifier le partage d‘information sur les projets mis en œuvre pour mieux connaître les avancées.

 

Crédit photo du portrait de Mamane Saidou: Sani Ousseini/Alliance Sahel/2021
Crédit photo de bannière: Aude Rossignol

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