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Le Microcrédit, un levier pour l’autosuffisance économique au Tchad

Le Tchad a lancé en 2016 le Plan National de Développement (PND) pour la période 2017-2021, appuyé sur la stratégie « Vision 2030, le Tchad que nous voulons ».  De ce plan, découle la Stratégie Nationale du Développement du Secteur Privé (SNDSP) 2018-2021, conçue pour assurer au Tchad un développement inclusif. Ce développement est celui qui assure à toutes les populations (rurales, urbaines), des revenus consistants et un accès acceptable aux infrastructures de base. La stratégie de diversification proposée a privilégié la promotion des secteurs à fort potentiel de création d’emplois: la microfinance, considérée comme l’un des vecteurs de la promotion du secteur privé, en fait partie. Dans cette perspective le gouvernement devra, avec l’appui de la communauté internationale, évaluer les systèmes existants et développer une stratégie réaliste de promotion de la microfinance sur l’ensemble du territoire national.
Cofinancé par l’Union Européenne via le Fonds Fiduciaire d’Urgence (FFU) et l’Agence française de développement (AFD), le Programme de Développement Inclusif des Zones d’Accueil au Tchad (DIZA) s’inscrit dans la lignée des projets qui réussissent au Tchad. Le DIZA a pour objectif d’améliorer les conditions de vie et la résilience des populations autochtones, réfugiées et retournées dans les zones d’accueil du Tchad, à travers un appui au développement local inclusif, afin de minimiser les facteurs contribuant aux tensions entre communautés. Dans cet objectif s’insèrent les actions de microcrédit à l’attention des personnes vulnérables, réfugiées, retournées et issues des communautés locales du Logone Oriental, Mandoul, Moyen Chari et Ouaddaï, Sila, Salamat, éloignées de la capitale. Inscrit dans le cadre de l’opérationnalisation de l’Alliance Sahel sur le terrain, le programme DIZA s’élève à hauteur de 21,5 millions d’euros et mis en œuvre depuis le 01 novembre 2018 par deux consortia d’ONG sous le lead de Caritas Suisse au Sud et de Concern World Wide à l’Est. Le HCR est également associé du projet.

Soutenir l’accès aux services de base 
Un des moteurs du projet : le soutien à l’accès aux services de base et aux mécanismes de protection sociale pour toutes les populations, à travers la création de fonds d’investissement communautaires. Il s’agit de soutenir le fonctionnement et le maintien des services essentiels et l’accès à l’épargne-crédit. Le DIZA accompagne des Associations Villageoises d’Epargne et de Crédit (AVEC), dans les provinces du Logone Oriental et du Mandoul, pour renforcer leur gestion interne, la mobilisation de leurs fonds et l’implication des membres pour la pérennité des activités. En avril 2020, 99 AVEC, rassemblant 1595 membres ont permis la mobilisation d’une épargne de plus de 25 millions de FCFA.
Avec l’appui du projet DIZA, à Kaba-Roangar, village situé au Logone Oriental, un groupement de femmes a pu se restructurer et adopter un règlement intérieur spécifique pour l’AVEC. L’appui offert par le projet leur a permis de renouveler leur structure aussi bien que leur méthode de cotisation. Les femmes ayant déjà eu recours au crédit expliquent que « la ressource leur a permis entres autres d’inscrire les enfants à l’école ou de payer des frais liés à la santé ». Le remboursement se fait ensuite avec un faible taux d’intérêt (remboursement de 22 000 FCFA pour un emprunt de 20 000 FCFA).

Renforcer la création d’emplois
Le second objectif du programme DIZA est de renforcer la création d’opportunités économiques et d’emplois afin de donner aux populations les moyens pour parvenir à l‘autosuffisance économique, la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la résilience. Dans cette perspective, une caisse d’épargne et de crédit a été inaugurée à Goré en janvier 2020. Le fonctionnement de la caisse de Goré permet aux bénéficiaires de microcrédits une certaine indépendance financière et assure des activités économiques résilientes. Un important travail de sensibilisation et d’explication sera réalisé durant les prochaines années d’exécution de projet. En effet, la culture de l’épargne reste faible dans les régions au Sud du Tchad, principalement en raison de l’existence de nombreuses barrières affectant l’offre et la demande de produits financiers. Un lien étroit sera également fait avec les groupements des AVEC soutenues dans le cadre du projet afin d’orienter ces groupes vers une transition dans un système plus institutionnel. Les ménages auront la possibilité d’être conseillés en matière de gestion financière, d’épargne, de crédit et pour la gestion du budget familial. Il est à noter que le succès des projets de microfinance est conforté par l’autonomisation de circuits économiques souvent gérés par des personnes ayant une réelle expertise de problématiques liées aux régions  désœuvrées. Favoriser les actions de ce type en lien avec le secteur privé est l’une des priorités de la plateforme de coordination qu’est l’Alliance Sahel.

Parallèlement, le DIZA met en place des actions qui tendent vers un renforcement des mécanismes de concertation locale entre populations, autorités locales, secteur privé, services techniques et parties prenantes notamment dans l’élaboration des plans de développement locaux et la priorisation des chantiers HIMO. Ce pan du projet s’inscrit dans un des secteurs prioritaires de l’Alliance Sahel, à savoir la gouvernance et implique les différentes contributions des acteurs de terrain.

 

Photo credit:  AFD – Naéma Klouche 

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