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Lutte contre les changements climatiques: une opportunité pour la prévention des conflits au Sahel

Les conflits autour des ressources naturelles (eau, terre, énergie) jouent un rôle significatif dans la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel et leur manque d’accès constitue une contrainte majeure pour le développement durable. Dans cette région, le changement climatique accroît le stress et certains risques, comme la faible disponibilité en eau pour les cultures et les animaux, est une source avérée de conflits. Face à des défis immenses, complexes et interconnectés, il est crucial d’adopter une approche collective, intégrée et intégrante de la gestion des ressources naturelles, en particulier dans les zones de conflits existants ou émergeants et ce, au service des populations concernées.

 

Niger – Copyright: GIZ/Wohlmann

 

Explorer les relations entre gestion des ressources naturelles et prévention des conflits

C’est ce à quoi la Commission européenne (DG INTPA) et le ministère allemand de la coopération économique et du développement (BMZ) tente de répondre à travers le projet FREXUS: « Améliorer la sécurité et la résilience climatique dans un contexte fragile grâce au Nexus eau-énergie-sécurité alimentaire » (2019-2021).

European Union   BMZ

 

Doté de 5 millions d’euros et mis en œuvre par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ), le projet Frexus intervient dans 3 pays de la région sahélienne: au Mali, Niger et Tchad. Il a pour objectif de développer et de tester une approche ciblant tant une gestion transparente des ressources naturelles que leur accès équitable dans des zones sous tension et à terme, de mettre en œuvre des actions concrètes sur le terrain (comme un point d’eau partagé entre divers usagers dans une aire pastorale).

Le projet a tout d’abord appuyé le développement d’un outil global d’identification des zones en conflit et d’alerte précoce, prenant en compte l’approche Nexus Eau-Energie-Sécurité Alimentaire (EESA). Cet outil est basé sur la combinaison d’indicateurs qui examinent si les défis liés à l’eau, l’énergie et la sécurité alimentaire entraînent des conflits. Développé initialement par le Partenariat pour l’eau, la paix et la sécurité (Water, Peace and Security Partnership), son développement est en cours de finalisation.

 

 

Kanem/Chad – Copyright: Soulayman Bombaye

 

Kanem/Chad – Copyright: Soulayman Bombaye

 

La coopération plurisectorielle et entre acteurs est clé

Quand une zone de conflit émergeant est identifiée, le projet développe une analyse plus approfondie, menée notamment à l’aide d’un outil d’analyse local (qui comprendra un tableau de bord avec à la fois des modélisations techniques mais aussi les perceptions des diverses parties prenantes) et ce, afin d’identifier non seulement les principaux moteurs des conflits autour des ressources naturelles mais également d’appuyer à l’élaboration de réponses adéquates.

Développé conjointement avec ses futurs utilisateurs de niveau aussi bien régional, comme l’Autorité du Bassin du Niger (ABN) et la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), que national, comme les structures focales nationales respectives, les ministères sectoriels concernées et des universités, il sera testé dans 3 zones pilotes (1 par pays d’intervention du projet) avec l’ensemble des parties prenantes concernées, comme les autorités locales et traditionnelles, la société civile ainsi que les représentants des usagers. Le projet encourage donc la coopération entre une multitude d’acteurs de niveaux et d’horizons divers afin de résoudre les problèmes de manière collaborative et transparente, et ainsi influencer positivement les moyens de subsistance des communautés locales. Comme l’a déclaré un membre d’une organisation partenaire:

Le succès du projet dépendra largement de nous en tant qu’acteurs. Nous devons travailler vite et bien! »

 

Entretien avec un groupe lors de l’analyse de conflits au Niger. Copyright: GIZ/Abdoul Karim Mamalo

 

Dans les zones pilotes, la phase de diagnostic a déjà commencé avec une évaluation de la situation des ressources en eau et le lancement de l’analyse des conflits et des risques climatiques. Sur base de cette compréhension commune et partagée de la zone par l’ensemble des acteurs concernés, une phase de concertation suivra afin de déboucher sur des accords locaux autour de la gestion d’une ressource ou d’un territoire partagé. Puis démarrera la phase de mise en œuvre d’actions prioritaires sur lesquelles les acteurs concernés se seront mis d’accord.

 

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