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Protection sociale adaptative au Sahel: une préparation indispensable aux temps de crise

La région du Sahel est confrontée à plusieurs crises liées au changement climatique, aux conflits et aux répercussions des chocs mondiaux. Ces crises compromettent les emplois, la sécurité alimentaire, le capital humain et les perspectives de développement à long terme. Les personnes extrêmement pauvres sont touchées de manière disproportionnée et durable. L’expérience de la pandémie de Covid 19 a mis en évidence la nécessité pour les gouvernements de renforcer les systèmes de protection sociale adaptatifs, notamment en renforçant les systèmes de prestation. Ceux-ci peuvent être améliorés à l’aide de données et de technologies, en élargissant la couverture des programmes et en mettant au point des modalités de financement durables. La réduction durable de la pauvreté et la création d’emplois nécessitent des approches innovantes pour aider les pauvres à mieux gérer les chocs et les crises.

La thématique de la protection sociale a été au centre des débats lors d’une réunion Alliance Sahel organisée en marge des Assemblées de printemps de la Banque Mondiale et du FMI. Plus de 100 participants ont pris part en présentiel et virtuellement aux échanges.

Cette rencontre présidée par Ousmane Diagana a réuni plusieurs Ministres et des délégations nationales des pays du Sahel ainsi que les partenaires au développement. La session a permis un échange entre les hauts responsables politiques et les partenaires sur les orientations à prendre pour renforcer les systèmes nationaux de protection sociale

Les participants ont rappelé l’importance de porter l’attention sur les questions de changement climatique qui catalysent les chocs au Sahel. 13,5 millions de personnes pourraient en effet tomber dans la pauvreté d’ici 2050 à cause du changement climatique si des mesures d’adaptation ne sont pas prises.

Les hauts représentants des délégations sahéliennes ont porté l’attention des participants sur une part des acquis de programmes de protection sociale ayant déjà fait leurs preuves:

  • Les projets de protection sociale sont un vecteur de résilience pour les plus vulnérables.
  • Les systèmes de transfert monétaires sont essentiels pour surmonter les « chocs » et la technologie est une aide, par exemple, pour des transferts plus rapides et précis.
  • Ces actions de protection sociale permettent d’augmenter les revenus des femmes et d’améliorer leur statut.
  • Un impact durable est constaté pour la sécurité alimentaire.
  • La cohésion sociale est renforcée.

Les défis dans la mise en œuvre des programmes de protection sociale

Les délégations Sahéliennes ont également fait part des défis à surmonter dans la mise en œuvre de programmes de protection sociale performants :

  • Au Sahel, de nombreux bénéficiaires sont très éloignés des villes, ce qui constitue des défis pour réduire le transfert physique de l’argent
  • La difficile identification des bénéficiaires pour cibler les personnes les plus vulnérables
  • La nécessaire mise à l’échelle des projets de protection sociale
  • La contribution des bénéficiaires à l’activité de la société pour assurer la durabilité des systèmes de protection sociale
  • L’ancrage de la protection sociale aux politiques publiques et le renforcement des financements

Nous sommes dans une période de crise et d’incertitude, qui nécessite que les innovations réussies soient mises à échelle.

Poursuivre les actions de soutien à la protection sociale adaptative

Lors des conclusions de l’événement, Ousmane Diagana a rappelé que les programmes de protection sociale ne sont pas nouveaux au Sahel. Ils demeurent extrêmement utiles: des évaluations ont établi l’impact sur la consommation, sur la capacité des ménages à moyens et long terme. Nous sommes dans une période de crise et d’incertitude, qui nécessite que les innovations réussies soient mises à échelle. Les couvertures sociales, pour être inclusives, doivent être effectives sur l’ensemble du territoire des pays.

Enfin, les partenaires au développement ont été invités à multiplier les efforts pour inscrire leur soutien dans les actions nationales, et à poursuivre la coordination pour le soutien aux initiatives de protection sociale adaptative.

Au cours de la dernière décennie, les pays du Sahel ont introduit des programmes de protection sociale « adaptative » (PSA). Il a été démontré que ces programmes ont un impact significatif sur la consommation, les moyens de subsistance et les stratégies d’adaptation aux chocs. Les membres de l’Alliance Sahel produisent des efforts conjoints et se coordonnent dans le secteur de la protection sociale adaptative.  

 A titre d’exemple, l’Allemagne, la France, le Danemark, le Royaume-Uni et la Banque mondiale ont aidé le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger par le biais du programme de protection sociale adaptative au Sahel (SASPP), qui touche près de 9 millions de personnes depuis 2011. Ce soutien comprend le pilotage de programmes d’inclusion productive, l’élaboration de programmes de réponse précoce aux sécheresses et aux inondations ou la conception de mécanismes de financement des risques de catastrophe.

Les membres de l’Alliance Sahel soutiennent 25 projets dans le secteur de la protection sociale.


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