Actualités et Presse

« Notre adhésion à l’Alliance Sahel est une opportunité pour améliorer l’impact de l’aide internationale du Canada »

Partenaire de longue date des pays du Sahel, le Canada a rejoint l’Alliance Sahel comme membre de plein droit en janvier 2022. Lors du 9ème comité de pilotage opérationnel (CPO) de l’Alliance Sahel, nous avons rencontré Annalisa Bonardi, Directrice des programmes d’aide au développement pour le Mali, Niger, Tchad, Côte d’Ivoire et Sahel pour Affaires Mondiales Canada. Cet entretien met en lumière les priorités du Canada dans la région sahélienne, ainsi que la motivation des autorités canadiennes à rejoindre la plateforme de coordination de l’Alliance.

Annalisa Bonardi, Affaires Mondiales Canada (photo: Aude Rossignol/Alliance Sahel)

Quelles sont les priorités actuelles et les actions phares du Canada dans le domaine du partenariat avec la région du Sahel?

Le Canada est un partenaire de longue date des pays du Sahel. Nous entretenons des relations diplomatiques, commerciales, d’aide au développement fructueuses depuis les années 1960. 

Nos priorités dans la région sont multiples. Nous voulons en premier lieu appuyer les efforts de nos partenaires des pays du Sahel dans leurs efforts pour des programmes et des interventions de paix, de développement, de stabilité et de croissance économique.

Nos interventions sont guidées par notre politique d’aide internationale féministe. Nous avons un portfolio d’initiatives au Sahel qui compte plus de 200 projets opérationnels mis en œuvre par des partenaires chevronnés et diversifiés dans la région. En 2020-2021, l’aide internationale versée aux pays du G5 Sahel a dépassé les 300 millions de dollars (tous canaux confondus).

La Canada essaie de bâtir des initiatives qui contribuent aux objectifs identifiés par les pays avec lesquels nous travaillons étroitement dans les secteurs de la gouvernance inclusive, de la santé, de l’éducation, du renforcement des capacités des femmes et de la croissance économique.

En termes d’actions phares, on peut également mentionner des projets d’envergure multi-pays, basés sur les interventions, programmes et objectifs identifiés par nos partenaires dans les pays du G5 Sahel. Nous sommes là pour donner un financement additionnel et souvent conjoint, pour atteindre les résultats identifiés par les pays du Sahel. 

Quelles ont été les motivations du Canada pour rejoindre l’Alliance Sahel?

Il faut savoir que le Canada est membre observateur de l’Alliance depuis 2019 et on est devenu membre de plein droit en janvier 2022. C’est une marque de confiance dans les structures de l’Alliance en termes de gouvernance, coordination, plaidoyer. En appuyant l’Unité de Coordination avec une cotisation annuelle, c’est une façon de donner un message clair que l’on veut travailler ensemble et en concertation avec tous les membres et partenaires de l’Alliance.

Cette adhésion de plein droit offre plusieurs opportunités pour le Canada.

Elle nous permet de donner une approche régionale à nos interventions. On a des interventions régionales mais avec l’Alliance, on peut optimiser, maximiser nos interventions bilatérales en n’ayant pas de financements qui se chevauchent et en partageant les informations de manière efficace avec les autres membres et partenaires.

Notre adhésion est aussi une opportunité pour améliorer l’impact de l’aide du Canada, qui est l’une des priorités de notre politique d’aide internationale féministe. La coordination étroite avec les autres membres, les autres interventions dans les pays du G5 Sahel nous permet de contribuer à atteindre cet objectif.

Enfin, en trouvant des synergies avec l’Alliance Sahel, cela nous permet d’identifier d’autres façons de s’harmoniser avec les structures, institutions, initiatives régionales et auxquelles le Canada participe en tant que membre. C’est une opportunité importante pour nous de trouver ces synergies, d’harmoniser notre participation et de travailler de façon plus stratégique. Le partage d’informations va rendre notre planification plus efficace. En alignant nos priorités à celles des membres et partenaires de l’Alliance, cela va permettre que nos interventions opérationnelles et en planification aient plus d’impact et d’optimiser nos ressources aussi.

Que voyez-vous comme défi à rejoindre une plateforme de coordination comme l’Alliance?

Les défis sont dans la coordination des actions, du momentum que l’on peut avoir en tant que groupe de membres. C’est dans la coordination des projets et dans le plaidoyer que l’on peut voir l’engagement véritable des membres. Une concertation est déjà établie depuis 4-5 ans avec l’Alliance. Il y a une opportunité que ça aboutisse à des actions concrètes et durables, c’est-à-dire non seulement des financements, mais aussi au niveau des mécanismes, des modalités opérationnelles que l’Alliance met en avant et qui sont innovants. Donc oui, il y a d’un côté le défi de la coordination des membres, des financements, mais il y a aussi l’opportunité pour que ça devienne une façon d’amener les membres à se coordonner et à se parler sur le terrain.

Quelles sont les thématiques prioritaires de l’Alliance dans lesquelles le Canada souhaite en premier s’investir?

Avec l’Alliance Sahel, on s’est dirigé vers l’employabilité et la jeunesse, le genre, ainsi que la résilience et l’adaptation aux effets des changements climatiques. Nous sommes en train de réfléchir à la manière d’harmoniser nos interventions et de s’aligner aux priorités de l’Alliance, tout en gardant clairement les objectifs et priorités du Canada dans la région, en cohérence avec notre politique d’aide internationale féministe. On a hâte de pouvoir utiliser les informations qui vont être partagées au travers de la base de données auxquels les membres de l’Alliance contribuent. Cela nous permettra de voir où on peut s’aligner, être complémentaire, avoir une valeur ajoutée, dans l’esprit de l’efficacité de l’aide internationale. On veut aussi plonger dans une modalité innovante d’intervention en identifiant des façons d’agir plus flexibles.

Comme on l’a vu durant le CPO, dans les secteurs de l’éducation, la formation professionnelle, le développement des curriculums, l’employabilité, la formation de base – non formelle aussi – il y a des opportunités pour le Canada de trouver des pistes complémentaires pour notre programmation en place et que l’on envisage dans le futur. Les groupes de coordination sont des opportunités pour nous et on veut y participer activement.


Aller plus loin:

Partager :