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Le programme de développement d’urgence (PDU)

En 2018, en vue de stabiliser les zones confrontées à des enjeux sécuritaires complexes et à de fortes vulnérabilités économiques, sociales et climatiques, les pays membres du G5 Sahel ont demandé au Secrétariat exécutif du G5 Sahel (SEG5) de concevoir un Programme de Développement d’Urgence (PDU). Les membres de l’Alliance Sahel se sont mobilisés dès décembre 2018 pour mettre en œuvre ce programme. Leur objectif: améliorer les conditions de vie des populations dans les régions fragiles frontalières des 3 fuseaux d’intervention de la Force Conjointe, épicentre de la crise sahélienne selon 3 piliers d’intervention.

Ces 3 piliers sont:

  1. Contribuer à améliorer les conditions de vie des populations, à travers un meilleur accès à l’eau et à l’assainissement.
  2. Accroître les moyens d’existence des populations agricoles et pastorales en renforçant de manière durable et structurelle la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.
  3. Appuyer les communautés et institutions locales dans la prévention des conflits et le renforcement de la cohésion sociale, en renforçant le tissu socio-économique local.

Reconnaissant la pertinence de ce programme et constatant les résultats atteints, les membres de l’Alliance ont continué de renforcer leurs engagements financiers initiaux. Les montants mobilisés s’élèvent désormais à près de 553 millions €, soit une augmentation de 108% par rapport à l’enveloppe initiale.


Après quatre années de mise en œuvre, les membres de l’Alliance Sahel confirment que le PDU constitue un outil adapté et performant pour contribuer à répondre aux besoins essentiels des populations en situation de crise et renforcer la cohésion sociale des communautés.

Aujourd’hui :

  • 20 projets nationaux et 10 projets-multi pays sont en cours de mise en œuvre.
  • 7 projets sont achevés.
  • 327 millions € ont été décaissés avec un taux de décaissement global de 59% et annuel en 2022 de 39% démontrant une capacité d’exécution supérieure à celle généralement constatée sur les projets financés dans les pays du G5 Sahel.


Ces projets contribuent significativement à :

  • la délivrance de services essentiels aux populations sahéliennes les plus fragilisées
  • la restauration ou à la consolidation de la cohésion sociale.

Visant des résultats à impacts rapides et tangibles, ils concentrent leurs appuis sur les services de base, pour aider les bénéficiaires à rester sur leurs territoires en répondant à leurs besoins primordiaux.

Pilier I : Accès à l’eau et l’assainissement

Les projets relevant du pilier 1 ciblent l’objectif primordial de développement de l’accès à l’eau et à l’assainissement. Ils ont d’ores et déjà permis à près de 1.660.000 personnes d’avoir un accès amélioré à l’eau potable et à plus de 1.300.000 bénéficiaires d’utiliser de meilleurs services d’assainissement.


En Mauritanie, le projet « G5-2 Hodh » (12 millions €, financement français/AFD) met en œuvre des travaux de réhabilitation d’urgence d’infrastructures d’accès à l’eau potable dans les régions du Hodh Ech Chargui et du Hodh El Gharbi. Entre juin 2020 et avril 2023, grâce à la composante d’urgence du projet mise en œuvre par le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement mauritanien, 14 localités ont bénéficié d’une réhabilitation de leur système d’alimentation en eau potable au profit de 50.000 habitants. 17 forages ont été réalisés. 170.000 personnes ont désormais un accès amélioré à des services d’assainissement dans ces deux régions.

Au Mali, le Projet de Reconstruction et de Relance Economique – PRRE (30 millions $ de financements additionnels PDU de la Banque mondiale) est intervenu dans 149 communes dans les régions de Ségou, Mopti, Gao, Tombouctou et Kidal. L’objectif: réhabiliter les infrastructures de base et de rétablir les activités productives des communautés touchées par la crise. 640 forages ont été créés, permettant à près de 340.000 personnes d’avoir un accès amélioré à l’eau potable et à près de 900.000 bénéficiaires d’utiliser de meilleurs services d’assainissement.

Au Tchad, dans le cadre du projet EPEVA (5,9 millions €) du Programme d’urgence pour la stabilisation des espaces frontaliers du G5 Sahel (UE-PDU), plus de 90.000 personnes bénéficient d’un accès amélioré à l’eau potable et à des services d’assainissement.

Pilier II : Résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle

Les interventions sur le pilier 2 développent des appuis multisectoriels permettant aux populations de préserver et de renforcer leurs moyens d’existence.

Pour faire face aux situations les plus extrêmes, les projets du PDU ont permis d’apporter une assistance alimentaire à près de 440.000 bénéficiaires, via :

  • la mise en place de filets sociaux et de systèmes de protection sociale adaptative ciblant les populations les plus fragilisées
  • la facilitation des activités génératrices de revenus
  • le renforcement des tissus des petites et moyennes entreprises sur les territoires
  • la revalorisation des terres agricoles et des activités pastorales

Ils ont ainsi permis à plus de 1.700.000 personnes de conserver et de développer leurs moyens d’existence et leurs revenus dans leurs lieux de vie.

Au Niger, le projet de Renforcement de la résilience et développement humain financé par la coopération espagnole (10,8 millions €), exécuté dans la région de Tahoua, a permis à près de 7.000 bénéficiaires (dont 70% de femmes) de conserver et de développer leurs moyens d’existence et leurs revenus. Le programme a promu l’utilisation des énergies renouvelables (installations d’énergie photovoltaïque) pour les activités génératrices de revenus et de la production agricole. Il a développé des fermes de production intégrée (agriculture et élevage), des aires de repos améliorées situées le long des pistes du bétail de même que des infrastructures pour le stockage et le traitement de la gomme arabique.

Le Projet d’Appui au Système de Filets Sociaux II de la Banque mondiale (30 millions $), cofinancé via le fond multi-bailleurs SASPP pour le renforcement de la protection sociale adaptative (associant la Coopération allemande/BMZ, la France via l’Agence Française de Développement, l’Agence de Développement International Danoise et la coopération britannique) a permis à plus de 1.100.000 personnes dont plus de 600.000 femmes de préserver et de promouvoir leurs moyens d’existence en Mauritanie. Ce projet contribue à accroître l’efficacité et l’efficience du système national de filet de sécurité sociale adaptatif et sa couverture des ménages pauvres et vulnérables par des transferts sociaux ciblés, notamment dans les communautés de réfugiés et d’hôtes.

Le Programme d’Urgence pour la stabilisation des espaces frontaliers du G5 (PDU-UE) financé par l’Union européenne à hauteur de près de 150 millions € a pour sa part soutenu plus de 440.000 personnes dans les 5 pays du Sahel avec les filets sociaux et près de 400.000 personnes avec une assistance nutritionnelle.

Pilier III : Renforcer la cohésion sociale

Les actions engagées au titre du pilier 3 visent à renforcer, voire reconstruire, la confiance entre les diverses communautés mais également entre les populations civiles, les autorités et les institutions publiques. Elles développent des espaces de dialogue, des comités de gestion de conflits, des outils de communication et de sensibilisation (radios communautaires, caravanes de la paix) et mettent les jeunes et les femmes au cœur des dynamiques de médiation et de prévention des conflits. 

Le PDU a ainsi appuyé la création de plus de 1.900 structures contribuant à la prévention des conflits et à la cohésion sociale et a permis de sensibiliser plus de 1.200.000 personnes dans les cinq pays du Sahel sur ces enjeux.

Au Mali, les activités du projet Jeunes et Paix phase II du PNUD (1.500.000 $) dans les régions du Centre et du Nord (Koro, Bankass, Tominian, Amderamboukane, Ansongo et Menaka) renforcent la citoyenneté des jeunes en vue de favoriser leur engagement et leur participation dans le processus de consolidation de la paix et de la sécurité. Ce projet a notamment permis d’appuyer 6 Conseils communaux de la Jeunesse et de sensibiliser 1.300 personnes à la prévention des conflits et à la cohésion sociale.

Le projet régional « Médiation agro-pastorale au Sahel », financé à hauteur de 5 millions € par l’Union européenne, structure des réseaux de médiateurs nomades, semi-nomades et sédentaires pour prévenir et gérer les conflits liés à l’exploitation des ressources naturelles. Il facilite l’accès des communautés nomades aux ressources pastorales en période de transhumance afin de prévenir les conflits avec les communautés sédentaires. En outre, ce projet appuie le dialogue entre communautés et autorités au profit d’une gestion apaisée des ressources naturelles et pour prévenir le vol de bétail. Plus de 340.000 personnes ont bénéficié d’activités de prévention des conflits.

Une approche intégrée pour la stabilisation des espaces frontaliers

21 projets PDU contribuent à 2 ou 3 piliers de manière intégrée afin de renforcer la résilience des populations et réduire le nombre des conflits intercommunautaires dans les zones les plus vulnérables.

Le Programme régional d’urgence pour la stabilisation des espaces frontaliers du G5 Sahel de l’Union européenne (147,5 millions €) privilégie ainsi une approche multisectorielle et flexible pour intervenir dans les régions les plus exposées à l’extrême pauvreté et aux situations de conflit.

Mis en œuvre par des partenaires techniques et des entreprises locales (pilier 1 Eau et Assainissement) et par des consortia d’ONG locales et internationales (piliers 2 et 3), il mobilise des acteurs diversifiés en interaction avec les communautés et autorités locales. Il intervient autant sur les axes de la protection sociale, la santé et la nutrition que sur la sécurité alimentaire et la préservation des moyens d’existence, la gouvernance locale et la cohésion sociale.

Financé par la France (AFD/CDCS), le Projet Régional « Trois Frontières » (56.630.775 €) intervient sur la zone frontalière du Liptako Gourma (Mali, Burkina Faso et Niger) marquée par de nombreux défis combinants menaces sécuritaires et vulnérabilités économiques, sociales et climatiques. Il vise à répondre dans cette zone transfrontalière aux besoins les plus urgents exprimés par les communautés tout en soutenant la relance de l’activité économique, le retour de la légitimité de l’action publique et le renforcement de l’État de droit.

Dans la mise en œuvre du PDU, une attention toute particulière est en effet portée aux appuis aux autorités locales et aux services déconcentrés de l’Etat, pour leur permettre de mieux assurer leur rôle de prestataires de service au profit des populations et contribuer à leur revalorisation aux yeux des bénéficiaires.

Les projets du PDU contribuent ainsi au fonctionnement et au renforcement des capacités des communes, à la maîtrise d’ouvrage des collectivités locales et à l’élaboration de stratégies de mobilisation des ressources communales. Ils accompagnent les collectivités locales pour améliorer leur redevabilité vis à vis de leurs administrés et impulser une gouvernance inclusive et participative.

Plusieurs projets du PDU ont fait l’objet de cofinancements ou de financements parallèles entre membres de l’Alliance Sahel, dans une logique partenariale concrétisant une coordination opérationnelle renforcée entre bailleurs et en illustrant les bénéfices (exemples emblématiques des projets de reconstruction et de relance économique à Konna au Mali ou d’appui aux filets sociaux en Mauritanie). Trois d’entre eux s’inscrivent dans une logique régionale, à l’échelle du G5 Sahel, afin d’avoir un impact sur des problématiques communes tout en contribuant au renforcement de l’intégration sous-régionale.

Enfin, une mise en œuvre « multi-acteurs » (Etats, collectivités, ONG etc.) a été privilégiée pour s’adapter au mieux aux contextes d’intervention de zones particulièrement fragiles.

Confrontés à une dégradation sans précédent au Sahel de la situation sécuritaire et humanitaire, les projets PDU développent des approches et des modes opératoires adaptés à un contexte très évolutif. Leur mise en œuvre se caractérise par une grande flexibilité, avec notamment des réorientations (dans le contenu ou dans le ciblage géographique) pour tenir compte des difficultés rencontrées ou de l’évolution des situations d’intervention afin de rester, toujours, au plus près des populations sahéliennes.


Liste des projets du PDU

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