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7eme Comité de Pilotage Opérationnel : Face aux périls en cours au Sahel, miser sur les potentiels de la région et renforcer la coordination et les partenariats

À l’invitation du Directeur Afrique du ministère fédéral allemand de la Coopération économique (BMZ), Christoph Rauh, président en exercice du Comité de Pilotage Opérationnel (CPO) de l’Alliance Sahel, la septième réunion du CPO s’est tenue ce lundi 13 décembre 2021 à Bruxelles en format hybride. Cette réunion a vu la participation de près de 100 personnes issues de l’ensemble des membres de l’Alliance et de plusieurs partenaires clés.

La session a été réhaussée par la présence du Président en exercice du Conseil des Ministres du G5 Sahel, le Ministre Issa Doubragne, du Secrétaire Exécutif du G5 Sahel, M. Eric Tiaré, du Haut représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel, M. Maman Sidikou, de la Représentante spéciale de l’Union Européenne pour le Sahel, Mme Emanuela Del Re et du Haut Représentant de la Coalition pour le Sahel, M. Djimé Adoum.  M. Ibrahim Thiaw, Secrétaire Exécutif de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (CNULCD) était l’invité d’honneur.

Les échanges et les présentations ont porté sur les derniers développements et évènements récents ; l’initiative de la Grande Muraille Verte et son implication pour les pays du G5 ; les conclusions et recommandations des ateliers des groupes de coordination permanents de l’Alliance Sahel ; l’opérationnalisation et le fonctionnement de l’Alliance.

Christoph Rauh, lors de son mot introductif a évoqué la situation complexe et l’urgence d’agir « Les pays du G5 sont sous pression. Cette situation nous pousse, en tant qu’Alliance Sahel, à démultiplier l’impact de nos efforts sur le terrain. Nous devons tous coordonner notre coopération à différents niveaux et dans différents domaines de travail pour obtenir des résultats tangibles pour les populations. Au niveau des sièges de nos institutions, nous devons plaider pour plus de flexibilité dans nos approches et instruments de coopération dans le travail sur le terrain et pour adapter nos stratégies aux circonstances locales. »

Le 7ème CPO a été enrichie par la participation de Hauts Représentants Sahéliens, qui ont éclairé les travaux par leurs interventions. Le Dr Issa Doubragne en sa qualité de Président du Conseil des Ministres du G5 Sahel a souligné que « Depuis 2017, nous avons renforcé notre dialogue politique avec l’Alliance sahel, et nous nous considérons aujourd’hui réellement comme des Partenaires. La tenue de ce 7ème comité de pilotage opérationnel de l’Alliance témoigne de la vitalité de ce dialogue. Le développement est au cœur de la feuille de route tchadienne du G5 Sahel ainsi que de la feuille de route de la Coalition pour le Sahel. Je plaide une nouvelle fois pour le besoin de renforcement des capacités des ministères sectoriels des Etats du G5 Sahel et leur totale implication, par les Opérateurs économiques, dans tous les processus de partenariat, les programmes et les projets de développement

Le péril encouru par les Sahélien.ne.s au centre des préoccupations

Maman Sidikou, Haut Représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel, s’est entretenu sur les réalités actuelles « La situation sécuritaire est marquée par la persistance, sinon la recrudescence des attaques terroristes contre les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les populations civiles. Il faut souligner que les attaques sont également accompagnées d’extorsions de biens, d’enlèvements de civils, de destructions de patrimoines, vols de bétails et d’assassinats. Ceci est valable au Mali, mais aussi au Burkina Faso et au Niger et ce sera bientôt le cas dans les pays voisins au sud (Golfe de Guinée), si des mesures appropriées ne sont pas prises. Cette situation comporte d’énormes conséquences sur les plans politique, socio-économique mais aussi sur les droits de l’homme ».

Le Secrétaire Exécutif du G5 Sahel, Eric Tiaré, a quant à lui rappelé « qu’il est urgent de mettre un point d’orgue sur des résultats palpables et concrets qui sont à même de rassurer et de crédibiliser nos actions conjointes. Et, en cela le rôle de l’Alliance est primordial, notamment dans l’animation conjointe avec le G5 Sahel, du Pilier 4 de la Coalition pour le Sahel, avec laquelle mon Secrétariat a pris contact et entretient de bons rapports de collaboration. La feuille de route de la Présidence Tchadienne de laquelle découle le programme de travail du SE/G5 accorde une place de choix à la mise en œuvre des projets de développement qui doivent permettre de consolider les acquis militaires engrangés par la Force conjointe et ses partenaires. »

Sandra Kramer, Directrice Afrique chez INTPA (UE), a attiré l’attention de l’auditoire sur les menaces actuelles pesant sur la sécurité alimentaire « Nous commençons à assister à une crise sans précédent avec 10,5 millions de personnes ayant potentiellement besoin d’une assistance alimentaire dans les pays du G5 pour assurer leur survie d’ici l’été prochain, et déjà 6,6 millions actuellement dans le besoin ; l’Alliance Sahel ne fournit pas directement d’assistance humanitaire, mais nous ne pouvons pas ignorer la situation. (A l’UE) Au-delà d’ECHO, nous réorientons une partie de notre assistance vers des interventions de sécurité alimentaire et de résilience. »

A quelques mois de la prochaine Assemblée Générale de l’Alliance, la représentante de l’Espagne, Carmen Magariños Casal, qui s’exprimait au nom de la Présidence en exercice de l’Alliance Sahel, a présenté les priorités de son pays « Nous souhaitons concentrer les travaux sur un soutien renforcé à la présence de l’État, une plus grande attention aux zones de prévention ATI, en continuant les efforts dans l’ensemble des zones prioritaires. Par ailleurs, nous poursuivrons et augmenterons le soutien à l’autonomisation des femmes sahéliennes et à l’Agenda Femme Paix Sécurité. Nous voulons proposer également, en tant qu’action centrale de notre présidence, un nouvel élan pour la jeunesse au Sahel. Stimuler l’investissement dans l’éducation et la formation afin de créer des opportunités pour les jeunes du Sahel est essentiel pour la stabilité et le développement durable de la région. »

Miser sur des initiatives concrètes et les potentiels de la région

Ibrahim Thiaw est intervenu pour présenter l’initiative de la Grande Muraille Verte (GMV), un programme intégré de développement en milieu aride en cours dans 11 pays de la bande Sahélo-Saharienne. D’ici la fin du siècle, la population de ces pays pourrait atteindre 1,5 milliard d’individus. « La Grand Muraille Verte peut contribuer à prévenir les conflits, notamment en agissant positivement sur l’accès à l’eau et en aidant les jeunes à se fixer dans leurs territoires. La Grande Muraille Verte et l’Alliance Sahel gagneraient à coordonner leurs actions, notamment dans la perspective de changer l’approche du développement au Sahel, et de renverser les tendances négatives. »  Depuis le début de l’initiative, quatre millions d’hectares ont été reboisés, mais il est nécessaire d’aller plus loin pour atteindre les objectifs fixés à l’horizon 2030. Huit millions d’hectares doivent ainsi être replantés par an, ce qui nécessite un investissement annuel nécessaire de quatre milliards USD.

Pour stimuler la dynamique, l’an dernier le One Planet Summit organisé à Paris a donné lieu à la création de l’accélérateur de la GMV. Six investisseurs de cette initiative sur huit sont membres de l’Alliance Sahel. « Le besoin est réel de forger des partenariats avec des institutions comme l’Alliance Sahel pour réussir le pari de la GMV. Les pays du G5 Sahel ont un fonds culturel en commun, qui constitue un socle important. Puiser dans ce fonds culturel est un levier pour la renaissance du Sahel, l’Alliance et la GMV pourraient également travailler ensemble sur les potentiels de ce fonds culturel pour œuvrer à la stabilisation de la région » a souligné Ibrahim Thiaw.

Plusieurs participants en présence, dont les représentants de la France, des Pays-Bas, du SE G5 Sahel et de l’UE ont évoqué le soutien de leurs institutions à la GMV. La Représentante Spéciale de l’UE pour le Sahel, Mme Del Re, a rappelé que  » Nous parlons souvent de la sécurité au Sahel sans tenir compte des effets à long terme d’un environnement détérioré sur la stabilité de la région. Des synergies avec l’initiative de la GMV peuvent bénéficier à la sécurité, à l’économie et à l’environnement du Sahel. Cela pourrait créer des opportunités importantes pour le développement durable et la stabilité de la région. Le Sahel a besoin d’une attitude positive. Une nouvelle impulsion pour changer le narratif est nécessaire. Nous ne pouvons nier que la région est confrontée à des défis importants, mais il existe des potentiels cachés. Au Sahel, il a des possibilités de créer de la richesse pour tous. Nous devons faire comprendre par exemple que le secteur privé a un rôle important à jouer et qu’il a beaucoup à gagner des conditions extraordinaires qu’offre la région, comme une population extrêmement jeune en demande d’opportunités économiques. Bien entendu, nous devons veiller à ce que les conditions nécessaires aux investissements soient réunies, créant ainsi un cercle vertueux.  »

Adhésion d’un nouveau membre pour renforcer les efforts au Sahel

Les participants se sont félicités de l’adhésion de la Suède en tant que membre de plein droit. Enfin, ils ont remercié les secrétariats de la Coalition pour le Sahel et du Partenariat pour la Sécurité et la Stabilité au Sahel (P3S) pour leur présence qui témoigne des efforts entrepris pour renforcer la coordination.

Jorgen Karlsson, représentant de la Suède, a partagé les priorités de son pays pour le Sahel « La Suède est largement engagée au Sahel. Cela à travers des contributions à la Minusma, à la Task Force Takuba et aux missions PSDC de l’UE, ainsi que dans l’aide humanitaire et de la coopération au développement. Nos priorités thématiques comprennent les droits de l’homme et l’égalité des sexes, la démocratie et la bonne gouvernance, la durabilité environnementale et le changement climatique, ainsi que la prévention des conflits. »

Enfin, le comité de pilotage s’est penché sur plusieurs points d’amélioration de la plateforme de coordination, sur base notamment des constats des visites de terrain menée par le Coordinateur de l’Alliance, Adrien Haye. Dans le cadre des interventions dans les zones dites fragiles, la nouvelle base de données, outils pragmatique à la disposition des membres, a été présentée en séance.

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Conclusions principales élaborées au terme du 7eme Comité de Pilotage :

  1. Rappel de l’importance d’ancrer le travail de l’Alliance Sahel dans les stratégies de développement du G5 Sahel. À cet égard, les membres de l’Alliance Sahel ont réitéré leur engagement à appuyer la future nouvelle stratégie Développement & Sécurité du SEG5.
  2. Satisfaction de l’engagement des membres de l’Alliance Sahel dans l’initiative de la Grande Muraille Verte et proposition de la poursuite des efforts et de l’identification de synergies
  3. Adoption des recommandations et fruits des travaux des groupes de coordination de l’Alliance Sahel
  4. Appel aux membres à promouvoir et utiliser localement l’Alliance comme un mécanisme de coordination opérationnel, potentiel véritable levier pour renforcer l’efficacité du partenariat et des projets financés.
  5. Inviter les membres à contribuer au renforcement de l’identité collective, surtout sur le terrain (efforts de communication conjoints)
  6. Recommandation, en 2022, de l’établissement d’un relevé précis des financements supplémentaires apportés au PDU et de réaliser une étude d’évaluation sur la mise en œuvre du PDU
  7. Satisfaction au sujet des premières avancées de la Facilité Sahel et de l’annonce de la contribution de la France. Le CPO appelle les membres qui le souhaiteraient à s’engager dans cet instrument.

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