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« L’engagement des femmes sahéliennes est une grande force »

Sabine Bouda Sidpawalemdé est sociologue et conseillère en promotion du genre. Elle fait également partie de la coordination nationale de la Plateforme des Femmes du G5 Sahel au Burkina Faso. Elle aborde dans cette interview le sujet de la représentativité de la femme dans les discussions sur la paix et la sécurité dans le Sahel.

Sabine Bouda Sidpawalemdé, membre de la coordination nationale de la Plateforme des Femmes du G5 Sahel au Burkina Faso

Qu’en est-il de la représentation des femmes à la table de discussion sur la paix et la sécurité dans le Sahel ?

Les femmes sont de plus en plus présentes autour de la table de discussion sur la thématique « femme, paix et sécurité ». Depuis l’adoption de la résolution 1325, la participation des femmes a augmenté, car cette résolution engage les États à promouvoir la représentativité des femmes sur la question de paix et sécurité.

Quelles solutions proposeriez-vous pour systématiser la mise en œuvre de la résolution 1325 au Sahel ?

Une des solutions serait d’opérationnaliser davantage les associations de promotion de la femme. Par exemple, avec la mise en place de la Plateforme des Femmes du G5 Sahel, il y a eu un regain d’engagement à travers les coordinations nationales dans les pays.

Dans le cadre de l’opérationnalisation de ces associations et plateformes, il est nécessaire de les appuyer en matière de ressources financières, de renforcement des capacités et de ressources humaines, afin de permettre à ces entités de systématiser la résolution 1325. Les femmes ont la volonté de travailler, mais si cela n’est pas accompagné par des mesures et des outils adéquats, il leur est difficile d’être opérationnelles sur le terrain, de poser des actions concrètes avec des répercussions sur la représentativité des femmes en matière de paix et de sécurité.

La systématisation de cette résolution passe également par une bonne volonté politique des Etats membres du G5 Sahel. Il faut un accompagnement au plus haut niveau dans la mise en œuvre de l’agenda femme, paix et sécurité.

Au Sahel aujourd’hui, quels forces et atouts représentent les femmes pour construire la Paix ?

L’engagement des femmes sahéliennes est une grande force. Les femmes d’aujourd’hui sont informées, elles sont sensibilisées, elles sont instruites et même celles qui ne sont pas instruites, elles cherchent à s’informer. Nous remarquons donc une grande volonté et un engagement à capitaliser. 

Sur la question de paix et sécurité, il existe de plus en plus de cadres de travail regroupant les différents pays du Sahel. Cela permet de mutualiser les forces, de travailler en synergie, de s’informer, d’échanger, de s’outiller pour mieux répondre aux défis.

L’autre atout de ces cadres et organisations de femmes, c’est qu’elles intègrent les femmes dans les instances décisionnelles. Les progrès viendront par les voix des femmes mises ensemble pour porter plus haut et plus fort le changement.

Existe-t-il une synergie, une organisation, regroupant les femmes des pays sahéliens pour avancer sur les questions de paix ?

La Plateforme des Femmes du G5 Sahel est coiffée par une coordination régionale et dans chaque pays, il y a une coordination nationale. Chaque année, une assemblée générale permet aux différentes coordinations régionales de se retrouver pour échanger sur les défis rencontrés, partager les expériences et les bonnes pratiques. Cela permet de s’inspirer des bonnes pratiques des unes et des autres pour avancer dans la lutte contre l’insécurité, la représentativité des femmes dans les instances, et dans l’agenda « femme, paix et sécurité ». Je cite cette instance en exemple car c’est celle que je connais le mieux, mais je suis sûre qu’il en existe d’autres.

Quel est votre plaidoyer pour les femmes sahéliennes ?

J’incite nos autorités à avoir de bonnes politiques en matière de paix et sécurité. Et cette politique doit être accompagnée d’une volonté de mise en place, en permettant aux femmes de participer aux différentes instances décisionnelles au niveau national, voire régional.

Le manque de ressources chez les femmes est aussi un problème auquel il faut pallier, en mettant en place des ressources adéquates au bon fonctionnement des différents projets et activités des femmes. Et mettre en place des lieux, cadres qui permettent aux femmes de se rencontrer davantage.

Je me pose également la question de comment collectivement amener aux tables de décision et rendre visible ces organisations de femmes qui font un bon travail, mais sont éloignées des capitales ? Ces femmes travaillent jour et nuit, premières à se lever et dernières à se coucher, mais elles ne sont pas visibles, comment reconnaître le travail, que faire pour les faire participer aux tables de discussion et les mettre en avant ?

Propos recueillis par Carmelle Nezerwe


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