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Des femmes déterminées relèvent les défis du développement au Tchad

Dans les provinces du Kanem et du Barh el Gazel au Tchad, les femmes agissent pour relever les défis du développement. Leurs actions individuelles et collectives apportent un changement concret pour leur famille et dans la vie de leur communauté. Prisca et Fatime racontent comment elles essaient de faire la différence.

Prisca, électricienne, passionnée et déterminée

Prisca vit dans la commune de Mao, à l’ouest du Tchad, la ville « blanche » érigée au milieu du désert. Elle a trouvé sa voie suite à un apprentissage de 45 jours en électricité. Cette formation lui a offert de nouvelles opportunités professionnelles et plus de stabilité pour faire face à ses besoins.

Cette formation m’a beaucoup aidée. J’ai une fille, et cela m’a permis de trouver du travail. Je trouve des chantiers où travailler et je gagne de l’argent, ce qui me permet de payer mon loyer, l’école et la nourriture pour ma fille. »

Prisca aimerait que d’autres femmes exercent, comme elle, le métier d’électricienne, car au quotidien, elle fait face aux stéréotypes liés à son choix de métier :

Le regard des autres sur le métier que j’exerce en tant que femme est difficile à supporter. Comme je porte une salopette d’électricien, les gens rient de moi. Alors que le travail que je fais est utile et bon. J’aimerais que d’autres femmes viennent travailler avec moi et que l’on s’associe pour que l’on soit plus nombreuses. Mais quand elles me voient passer dans la rue dans cette tenue, elles se disent que je fais un travail d’homme. Mon rêve est de former d’autres femmes au métier et de créer une entreprise de femmes électriciennes. Je voudrais leur apprendre la beauté et la valeur de ce métier. »

D’où vient l’idée d’exercer ce métier ? Prisca se rappelle :

J’ai eu envie de devenir électricienne quand j’étais encore enfant. A l’école, j’ai lu un livre avec une illustration de femme électricienne, cela m’a tout de suite donné envie d’en faire mon métier ! »

Plusieurs projets des membres de l’Alliance Sahel soutiennent la formation de jeunes Tchadiens et Tchadiennes, comme Prisca. C’est notamment le cas du projet d’amélioration des moyens d’existence à l’Ouest du Tchad (PAMELOT), financé par la GIZ. Ce projet s’aligne sur les priorités des territoires et des communes des provinces du Kanem et du Barh el Gazel. 

Fatime, Présidente de la Plateforme des Femmes du Barh el Gazel

Fatime Mahamat Nour est un exemple de leadership féminin dans la région, mettant en lumière la force des femmes lorsque celles-ci s’unissent pour surmonter les obstacles. Elle a pris les rênes de la Plateforme des Femmes de la province du Barh el Gazel, qui rassemble les groupements de femmes qui s’unissent pour surmonter ensemble les défis qu’elles rencontrent individuellement.

Ces femmes sont nombreuses à être veuves ou seules. Leurs maris sont partis travailler dans des zones à risque, comme par exemples les sites d’orpaillage, ou à l’étranger. Elles se retrouvent sans moyens d’existence et doivent souvent faire appel aux ONG et à l’État pour recevoir des financements qui ne couvrent pas l’entièreté de leurs besoins.

La Plateforme des Femmes a intégré le Comité Provincial d’Actions (CPA) pour amplifier la voix de ces femmes.

le CPA joue le rôle de courroie de transmission entre les groupements, les services techniques déconcentrés de l’État et les ONG. Le CPA explique les difficultés du terrain aux ONG afin de mieux orienter les actions, conformément aux priorités et aux besoins. Cette coordination entre les ONG, l’État et la Plateforme des Femmes, permet de mieux orienter les actions à destination des femmes. »

Les membres de l’Alliance Sahel finançant des projets dans le Barh el Gazel participent au CPA, lieu de coordination incontournable pour soutenir les priorités de développement des acteurs locaux.

Réunion du CPA dans le Barh el Gazel

Dans la province du Barh el Gazal, les femmes rencontrent de nombreuses difficultés, notamment le mariage précoce et le mariage forcé qui handicapent l’épanouissement et le développement des femmes. Les femmes rencontrent aussi des obstacles pour accéder au microcrédit, ce qui les empêche de développer des activités génératrices de revenu.

Le projet PAMELOT a permis de former des jeunes de la province dans plusieurs domaines (électricité, couture,…) et les a aidé à développer leur activité professionnelle. C’est un changement très positif, souligné par Fatime :

Avec l’appui du projet, les départs sont beaucoup plus limités qu’avant. Quand les hommes partent, ils laissent derrière eux les femmes et les enfants qui ne peuvent pas subvenir à leurs besoins. Les jeunes que le PAMELOT a formés sont en activité et n’ont plus de raison de quitter leur localité. »

L’Approche Territoriale Intégrée (ATI) : un levier pour soutenir les efforts des femmes

Mis en œuvre par l’Alliance Sahel, l’Approche territoriale intégrée permet de mieux coordonner les efforts des membres et de mieux orienter les actions vers les besoins réels des populations.

Pour concrétiser cette approche, les membres de l’Alliance Sahel collaborent notamment avec les Comités Provinciaux d’Actions. Fatime explique ce que cela change :

Avec l’ATI, il y a une coordination des actions au départ, qui sont menées de manière beaucoup plus ordonnée. Quand nous nous rencontrons à la Plateforme ou bien avec le CPA nous partageons les informations, les idées pour le développement, donc le vivre ensemble et la cohabitation pacifique. Je souhaite que l’on continue à travailler avec cette approche-là, que l’on mette à notre disposition les moyens pour éradiquer le problème de sous-développement de la province. »

Déterminées, résilientes et ambitieuses, Prisca et Fatime sont des moteurs de changement dans leur communauté. Une promesse d’espoir pour le développement au Tchad. Nous les remercions pour leurs témoignages.

Photos: Aude Rossignol/Alliance Sahel


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