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« Permettre aux femmes de partager leurs expériences pour se libérer et trouver des solutions »

Les femmes sont des actrices incontournables de la paix et du développement au Sahel. Présidente de l’association « Femmes de l’avenir », Franceline Tranagda décrit comment le rôle des femmes pourrait être renforcé au Burkina Faso.

Franceline Tranagda

Quelles sont les actions menées par l’Association femmes de l’Avenir ?

L’Association Femmes de l’avenir a été créée en 1999, elle est basée à Ouagadougou et compte une cinquantaine de membres et un bureau exécutif composé de 15 personnes.  

Nous avons eu l’idée de créer cette association dans le but de lutter contre la pauvreté des femmes. Notre association mène des actions contre les violences faites aux femmes, de promotion de la santé de la reproduction, de scolarisation des jeunes filles et d’alphabétisation des femmes, de lutte contre le VIH-SIDA. Nous sensibilisons les femmes et les jeunes filles à l’épargne à travers des activités de tontine et nous les soutenons à travers l’octroi des microcrédits pour la réalisation des activités génératrices de revenus. Dans le secteur de l’auto-emploi, nous aidons les femmes à obtenir du matériel de travail tels que les métiers à tisser, à valoriser les mets locaux et la transformation agroalimentaire. Dans le secteur de la sensibilisation, nous travaillons avec des radios pour informer sur les thèmes tels que l’excision, les mariages forcés et le lévirat…

L’idée est venue de mettre en place cette association en regroupant des femmes pour leur offrir un cadre d’échanges qui leur permet partager les expériences et de se libérer. De nombreuses femmes font face à des problèmes qui leur semblent insurmontables et elles n’ont pas de lieux où se confier. Notre association est une occasion pour elles de pouvoir échanger, de raconter ce qu’elles vivent et de trouver des solutions. Nous les orientons également vers des endroits de prise en charge psychosociale.

Notre devise est « Une femme, une activité ». Dès qu’une femme adhère à l’association, nous cherchons à savoir si elle réalise une activité géniale. On essaie de les accompagner dans leur développement personnel, ainsi que les jeunes filles.

Pourriez-vous présenter une des activités phares de votre association ?

Nous mettons l’accent sur la formation dans le secteur de la transformation agroalimentaire et de la valorisation des mets locaux. Nous sommes en train de formaliser, de mettre en place un restaurant ressource par exemple. Nous voulons le rendre plus visible et plus accessible. Nous valorisons et nous produisons des biscuits faits à base de céréales, des céréales du terroir tels que le sorgho blanc, le sorgho rouge, le maïs, la farine de maïs, la farine de pommes de terre, de manioc…

Activités de l’association « Femmes de l’avenir »

Quelle sont les principales problématiques rencontrées par les femmes et les filles au Burkina Faso ? Comment elles font face à ces problématiques ?

Malgré les efforts des autorités étatiques et des organisations, force est de reconnaître que la situation des filles et des femmes n’est pas totalement reluisante. Elles restent confrontées aux violences basées sur le genre, l’excision, les mariages précoces et forcés, la marginalisation du fait des pesanteurs socioculturelles, la non-accessibilité aux moyens de production. La crise sécuritaire a aggravé la situation de vulnérabilité de ces femmes et de ces filles, elles sont plus exposées aux violences.

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Quels sont les mécanismes prévus pour faire face à toutes ces difficultés ?

Nous mettons à disposition des femmes des aliments, des soins, de contacter des partenaires au développement pour leur octroyer les moyens de réaliser des activités génératrices de revenus pour faire face aux problèmes qu’elles rencontrent dans la société notamment.

Les femmes sont les piliers de leur famille. Elles mènent des activités pour venir en aide aux chefs de famille. Nous pouvons, en renforçant le leadership féminin, leur permettre de défendre leurs droits. L’autonomisation économique dans le judiciaire peut également lutter contre la pauvreté féminine. En réalité, on voit que les femmes se battent plus que les hommes. Nous plaidons auprès des autorités pour l’application des textes et lois en faveur de la promotion et la protection des droits de la femme et de la fille.

Comment les partenaires au développement peuvent agir pour soutenir la construction d’une vie meilleure pour la femme et la fille au Burkina Faso ?

Promouvoir l’accès à l’éducation équitable à travers des initiatives et le maintien des filles à l’école permettra à ces filles et à ces femmes de construire une vie meilleure. Favoriser un accompagnement optimal de la jeune fille et des femmes victimes des violences basées sur les genres qui deviennent récurrentes ces derniers temps. La mise en place de structures spécialisées pour une meilleure prise en charge et la mise à disposition de subventions et de crédits faciliterait l’exécution des projets de développement pour l’amélioration de leurs conditions de vie.

Aujourd’hui, quelles sont les forces et les atouts dont disposent les femmes pour construire la paix ?

Dans le cadre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, il y a la mise en œuvre de l’agenda des « Femmes, paix et sécurité ». Au total, 15.542 femmes médiatrices ont été formées pour prévenir des conflits ou consolider la paix. La participation des femmes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix se fait aussi à travers une sensibilisation des forces de sécurité.

Au fur et à mesure que le maintien de la paix évolue, les femmes font de plus en plus partie de la famille du maintien de la paix et rendent les opérations plus efficaces. Les femmes participent aux activités de promotion de la paix, de la cohésion sociale à travers les associations et les ONG.

Les femmes incarnent aussi des valeurs indispensables à l’obtention de la paix, telles que le courage, l’abnégation, l’humilité, la détermination et la foi.

Qu’est-ce qui vous donne l’espoir d’un changement positif pour la vie des femmes et des filles ?

D’importantes mesures sont prises et mises en œuvre au plan juridique, social, politique et économique pour garantir la protection de la jeune fille et la femme contre les violences et assurer la protection de leurs droits. Toutes ces mesures nous donnent l’espoir d’un changement positif pour la vie des femmes et des filles. L’engagement des autorités étatiques pour la promotion des droits des femmes et des filles, par exemple. La mise en place d’un numéro vert pour la dénonciation des violences basées sur le genre permet à ces femmes d’avoir un appui, un soutien à travers les dénonciations. Ce numéro vert permet à beaucoup de femmes de se faire assister et de mettre en place des solutions aux problèmes.

Quel plaidoyer souhaitez-vous engager pour la femme et la fille au Burkina Faso ?

La femme reste une actrice indispensable dans le développement du pays, la promotion et le maintien de la paix. Elle doit être impliquée dans toutes les sphères de décision de la vie de la nation.

Je voudrais plaider auprès des autorités et des partenaires internationaux de venir en aide à la femme à travers la valorisation de leurs droits pour leur permettre de pouvoir s’exprimer et de participer aux prises de décision au niveau politique.

Les femmes ont également besoin de soutien pour bénéficier d’accompagnements, de subventions, de microcrédits pour réaliser leurs rêves et des activités génératrices de revenus.

Propos recueillis par Armel Hien, expert de liaison Alliance Sahel


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