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Renforcer le rôle des femmes pour le développement au Sahel en 3 exemples concrets

Au Sahel, les femmes contribuent avec force à relever les défis de la région. Actrices de changement dans tous les domaines – vie économique, cohésion sociale, sécurité nutritionnelle, résilience climatique – elles font cependant face à des barrières qui freinent leur autonomisation et participation. Pour soutenir leur rôle, les membres de l’Alliance Sahel ont décidé d’intégrer le « genre » de façon transversale dans tous les projets. Au travers de 3 projets bien différents, découvrez comment ces actions changent la vie des femmes sahéliennes.

Sommaire

Amplifier la voix et le leadership des femmes (Mali et Burkina Faso)

Bien que le principe d’égalité entre les sexes existe en droit au Mali et au Burkina Faso, dans la pratique, des normes sociales et pratiques institutionnelles discriminatoires à l’égard des femmes persistent, notamment en termes d’accès à l’éducation, aux soins de santé, aux opportunités d’insertion économique et à la participation politique.

Le projet « Voix et Leadership des femmes » (VLF) a été lancé pour amplifier le travail des organisations locales de défense des droits des femmes et les organisations féministes des deux pays.

Notre ONG était en arrêt d’activités. Avec le projet VLF, elle a pu se déployer de nouveau, non seulement dans ses anciennes zones d’intervention, mais aussi dans d’autres localités non encore atteintes auparavant », témoigne la présidente de l’organisation partenaire FID, au Mali.

Les activités menées dans le cadre de ce programme ont permis de déconstruire des préjugés et d’affaiblir certains tabous.

L’organisation malienne AMAFH, qui cible les femmes vivant avec un handicap, affirme : « Grâce aux fonds pluriannuels, rapides et réactifs, notre ONG a pu toucher tous les cercles de la région de Kayes à travers des tournées théâtrales. Ces activités ont permis de changer les mentalités des populations vis-à-vis des personnes en situation de handicap, spécifiquement les femmes et les filles dans les localités visitées ».

Le soutien offert par VLF permet aux organisations de repousser leurs limites. « Nous avons pu mener des activités dans plusieurs endroits, tels que les communes de Bamako et dans la région de Kayes. C’est la première fois que nous avons pu mener des activités d’une telle envergure ! », témoigne l’organisation de jeunes femmes, RENADJEF.

Au Burkina Faso, la participation des hommes à des causeries débats sur les violences faites aux femmes a entraîné un changement de comportement vis-à-vis de leur femme.

Rakieta Nikiema, née Compaoré, témoigne de l’impact de ces actions dans sa vie personnelle : « Les échanges entre moi et mon mari ont beaucoup changé. Il ne m’impose plus les choses. Par exemple, il ne m’impose plus son choix des repas à préparer, on discute sur l’école des enfants et surtout, il accepte que je participe à des réunions alors qu’auparavant cela n’était pas possible. Ces causeries avec les hommes permettent un changement de mentalité. Ils nous prennent, nous les femmes, comme des actrices qui peuvent apporter des changements positifs à la famille. »

Financé par le Canada (4,2 M$ au Burkina Faso, 8 M$ au Mali), le projet est mis en œuvre au Mali par le consortium formé par le Centre d’études et de coopération internationale (CECI) et la Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI). Au Burkina Faso, le projet est exécuté par l’ONG Oxfam-Québec. En savoir plus sur l’avancement du programme « Voix et Leadership des Femmes » au Mali et au Burkina Faso.


Favoriser la participation politique des femmes (Burkina Faso)

Au Burkina Faso, les inégalités entre les femmes et les hommes sont nombreuses en matière d’exercice des droits politiques : peu de femmes s’intéressent à la politique locale ou nationale, peu d’entre elles votent, peu se présentent comme candidates, peu sont élues.

Les causes sont multiples : autocensure des femmes qui ne s’estiment pas légitimes pour voter ou se présenter, pesanteur socio-culturelle qui dénigre les femmes engagées dans le domaine public, refus des partis politiques de voter une loi contraignante sur les quotas à l’assemblée nationale.

Pour contribuer à réduire les inégalités de genre dans l’exercice des droits politiques, le projet « Femmes ! Levez-vous ! » vise à promouvoir le leadership et la participation de la femme à la vie politique au Burkina Faso.

Le contexte politique du pays – annulation des élections municipales prévues en 2021, dissolution de l’assemblée législative en 2022, etc. – pénalise la mise en œuvre de la participation effective des femmes à la vie publique. Néanmoins, des leviers permettent d’aller de l’avant.

Le projet « Femmes ! Levez-vous » a notamment permis de :

  • Renforcer la confiance en soi des femmes pour s’intéresser au débat public ;
  • Préparer des figures de la société civile pour de futures élections après la fin du projet ;
  • Sensibiliser des garçons et des hommes pour qu’ils reconnaissent la place des femmes dans l’espace public et encouragent leur participation en tant que candidates aux élections.

L’association Signorta (qui signifie « Unissons-nous ») a été créée en 2018 et compte à ce jour près de 90 membres. Soutenue dans le contexte du projet « Femmes ! Levez-vous ! », l’association a pu intensifier ses actions de promotion de la femme, via du théâtre, des causeries éducatives, des formations de femmes (au leadership, aux droits des femmes), des émissions radio, etc.

Sa présidente, Madame Nifabaséota Dabire, témoigne : « Grâce à ces activités, nous avons réussi à initier, chez les femmes, la volonté manifeste de s’engager véritablement pour leur propre développement. Nous reconnaissons la nécessité de ce projet au sein de la région du Sud-Ouest où la participation de la femme à la gouvernance locale reste encore faible et sans oublier les pesanteurs socioculturelles qui ne donnent pas une place de choix à la femme qui ambitionne s’impliquer pour le développement local. Ce projet a impacté positivement la vision des femmes de la commune. »

Directrice exécutive du mouvement citoyen Femin in’, Bénédicte Bailou a été désignée par les membres de la société civile pour siéger à l’Assemblée Législative de Transition (ALT). Depuis sa rencontre avec le projet « Femmes ! Levez-vous ! » et sa participation à des formations sur différentes thématiques, elle témoigne du chemin parcouru.

Cofinancé par l’Union européenne (300.000 €) et le PMLAL (15.790 €), le projet « Femmes ! Levez-vous ! » est mis en œuvre par plusieurs partenaires: l’ONG Progetto Mondo, le Réseau Afrique Jeunesse, l’Association des Femmes Juristes du Burkina Faso, et l’association AIDOS.


Mobiliser des jeunes leaders pour répondre aux défis de la santé sexuelle et reproductive (Mali)

Comme ailleurs au Sahel, les adolescentes et jeunes au Mali sont confrontés à de nombreux défis en matière de santé de la reproduction et de droits sexuels. Pour y répondre, deux organisations se sont alliées (CAEB et CORDAID) pour mettre en œuvre un projet visant à améliorer les indicateurs de la santé sexuelle et reproductive chez les jeunes, par une meilleure information et une plus grande liberté de choix.

8 ONG nationales mettent en œuvre les activités dans les régions de Mopti, Ségou, Kayes et Koulikoro, dans 84 communes et plus de 700 villages. Les activités d’information et de sensibilisation abordent des thématiques comme: la planification familiale, les infections sexuellement transmissibles, les grossesses non désirées et précoces, les violences sexuelles, la consommation de stupéfiants, etc. L’approche est basée sur le « faire-faire », les adolescentes et les jeunes prennent une part active et déterminante aux différentes activités.

Activité de sensibilisation dans la région de Ségou, Mali (photo: ONG CAEB)

En septembre 2022, le programme avait atteint les résultats suivants :

  • 1.440 groupes composés de plus de 32.000 adolescentes et jeunes (dont plus de 65% de filles) ont été mis en place.
  • Plus de 3.800 jeunes leaders (dont près de 60% de filles) réalisent des séances d’information auprès de leurs pairs sur les différentes thématiques liées à la santé sexuelle et reproductive.
  • 14 jeunes champions (dont 4 filles) mènent des actions de plaidoyer auprès des autorités communales et des leaders communautaires et religieux pour l’abandon des pratiques traditionnelles néfastes (comme les mutilations génitales féminines) au sein de leurs communautés.
  • 32 jeunes animateurs radios (dont 50% de filles) réalisent des émissions sur des thèmes liés à la santé sexuelle et reproductive.
  • 203 communautés ont signé des conventions d’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines et des mariages d’enfants.

Pour permettre au plus grand nombre d’avoir accès aux informations, les jeunes du programme utilisent les médias sociaux (YouTube, Facebook, Twitter).

Financé par le Royaume des Pays-Bas à hauteur de 14.5 millions € sur une durée de 7 ans, le projet JLSRAJ/JIGIYA est mis en œuvre par les organisations CAEB et CORDAID.


Approche concertée de l’Alliance Sahel pour porter la voix des femmes

L’approche « Genre » des membres de l’Alliance Sahel a été mise en place en partenariat avec la Plateforme des Femmes du G5 Sahel pour assurer que les femmes et les filles des pays du G5 Sahel mènent une vie où leurs droits fondamentaux sont respectés et où elles participent pleinement à la formulation et à la mise en œuvre des politiques permettant de réaliser l’autonomisation des femmes et des filles.

Parmi l’ensemble des projets labélisés Alliance Sahel, plus de 600 ont un objectif « Genre » principal ou significatif, ce qui représente plus de 50% de l’ensemble des projets du portefeuille de l’Alliance et illustre l’importance de la thématique pour les membres de l’Alliance.


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