Développement territorial et accès aux services de base
L’amélioration de l’accès aux services de base dans les zones fragiles constitue l’une des priorités de l’Alliance Sahel. Souvent frontalières, ces zones font face à de fortes vulnérabilités sécuritaires, humanitaires et climatiques. Éloignées des capitales, elles souffrent souvent d’un manque de services publics. En collaboration avec les partenaires locaux, les membres de l’Alliance Sahel soutiennent des initiatives en faveur de la décentralisation, de la santé, et de l’eau et assainissement.
Enjeux de la décentralisation
Initialement conçue comme moyen pour promouvoir la démocratie et la participation citoyenne, la décentralisation est reconnue aujourd’hui comme une voie efficace pour offrir des services de base de proximité, de qualité et répondant aux besoins réels des régions concernées. En même temps, les collectivités territoriales doivent relever de nouveaux défis, notamment en termes de développement économique local durable (ressources naturelles, gestion des déchets, changements climatiques), parfois dans des contextes de fragilité ou d’insécurité qui accroissent les besoins sociaux.
Dans la pratique, la mise en œuvre de la décentralisation varie fortement selon les contextes de réforme des États et les facteurs de stabilité ou d’instabilité politique des pays. Sur le plan financier, les dépenses militaires, ainsi que celles liées à la pandémie de COVID-19, ont lourdement pesé sur le budget destiné à la gouvernance locale et à la décentralisation.
Le financement des collectivités territoriales (CT) pour répondre aux besoins des populations reste un défi majeur dans tous les pays. Des domaines de compétences ont été confiés aux collectivités territoriales dans plusieurs secteurs mais sont insuffisamment financés. De même, l’inadéquation de la fiscalité locale constitue actuellement un véritable défi pour doter les CT de ressources propres suffisantes.
Une gouvernance guidée par les besoins des citoyens peut engendrer de grands changements. Les systèmes politiques centralisés du Sahel ont ralenti les économies nationales, fragilisé les services de base et entravé les mécanismes de responsabilisation. La décentralisation dans de nombreux pays du Sahel vise à rapprocher les instances gouvernementales des citoyens, permettre aux communautés de participer plus activement aux décisions et faire entendre leur voix pour façonner leur avenir. Ces réformes sont essentielles car les causes complexes de l’insécurité régionale nécessitent une réponse collective et globale.
Alyson McFarland, Représentante de USAID au Burkina Faso
Enjeux de la santé
Le Sahel est la région du monde où les indicateurs de santé sont les plus dégradés. L’OMS estime que 10,6 millions de personnes ont besoin de services de santé d’urgence dans la région du Sahel. Ces dernières années, la malnutrition s’est encore aggravée en raison de l’accroissement des conflits et la fermeture d’établissements de santé dans certaines régions ont réduit l’accès des communautés aux soins. Le taux de malnutrition chronique avoisine les 40%. Les mortalités maternelle et infantile restent très élevées (856 décès pour 100.000 naissances vivantes, un des taux les plus élevés au monde).
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) estiment que près de 2.900.000 enfants âgés de 6 à 59 mois pourraient être touchés par la malnutrition aiguë globale au Sahel. La zone des trois frontières (Burkina Faso, Mali et Niger) est particulièrement concernée et représente environ 70% des zones affectées par l’insécurité nutritionnelle.
En termes de soutien à la couverture assurance-santé, plusieurs pays du Sahel mettent en œuvre des programmes de protection sociale adaptative. Ces programmes peuvent donner accès aux bénéficiaires à une assurance maladie généralisée 100% gratuite.
Les membres de l’Alliance soutiennent les pays du Sahel dans l’amélioration des services de santé. Parmi les résultats atteints entre 2017 et 2022, les données suivantes peuvent être relevées:
Enjeux du secteur Eau et Assainissement
En 2022, dans les cinq pays, les taux d’accès aux services d’eau et d’assainissement affichent des valeurs contrastées, mais permettent néanmoins de dégager les tendances suivantes:
- Les taux d’accès à un service de base d’eau potable sont au moins de 50 % dans chaque pays. Cependant, 38 millions de personnes ne bénéficient pas d’un accès élémentaire à l’eau.
- Les taux d’accès à au moins un service d’assainissement de base varient entre 12 % et 55 % selon les pays. Globalement, 68 millions de personnes n’ont pas accès à un assainissement de base.
- L’accès à l’hygiène de base affiche les valeurs les plus dégradées, avec des taux variant entre 9 % (Burkina Faso) et 42 % (Mauritanie).
En matière d’assainissement, la trajectoire des cinq pays indique qu’il faudrait multiplier les efforts actuels par 4,6 en moyenne pour atteindre un taux d’accès à au moins un service de base d’assainissement pour tous d’ici 2030.
Les membres de l’Alliance soutiennent les pays du Sahel pour un accès amélioré à l’eau potable et à l’assainissement. Parmi les résultats atteints entre 2017 et 2022, les données suivantes peuvent être relevées:
Une gouvernance durable, une gestion des ressources naturelles renouvelables (qui constituent le fondement de l’économie de la région) et la mise à disposition de services de base sont des outils puissants pour prévenir les conflits.
Alyson McFarland, Représentante de USAID au Burkina Faso
L’Approche Territoriale Intégrée
Au cœur de l’engagement en faveur des zones fragiles, l’approche territoriale intégrée (ATI) vise à répondre dans plusieurs secteurs aux besoins les plus urgents des populations tout en traitant les causes profondes des crises dans les zones à risques. De concert avec le autorités locales, elle permet de mieux coordonner les actions de développement au niveau local et de mutualiser les ressources et les modes d’action des membres de l’Alliance Sahel intervenant dans ces zones. En 2020, dix zones prioritaires ont été identifiées par les membres, en collaboration avec les autorités de chaque pays.
L’ATI a notamment permis d’accompagner l’opérationnalisation de la stratégie de croissance régionale pour la zone prioritaire du Hodh Ech Charqui en Mauritanie et de renforcer le dialogue avec les collectivités locales au Tchad dans les zones prioritaires du Kanem et du Barh-el-Ghazel.
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