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Coordination de l’aide au développement – La pratique du Hodh Charqui en Mauritanie

La coordination des acteurs du développement a été renforcée en 2021 dans le Hodh Charqui, sous le leadership de la cellule chargée de la coordination. L’impact est tangible pour les populations, dont les besoins réels sont pris en compte. Pour en parler, nous avons rencontré Cheikh Abdallahi Ewah, coordinateur de la cellule. Parmi ses priorités : la cohabitation pacifique et le développement des services de base pour les populations hôtes et réfugiées. Interview.

Cheikh Abdallahi Ewah: « Le Hodh Charqui est la région la plus peuplée de Mauritanie, après Nouakchott, et celle qui a le plus grand potentiel en termes de cheptel. Sur les 2.400 km de frontière entre la Mauritanie et Mali, près de la moitié se situe au niveau du Hodh Charqui.

La région est confrontée à de nombreux défis. Les défis sécuritaires sont extrêmement importants et délicats. La Mauritanie a mis en place un dispositif qui, jusqu’à présent, donne de très bons résultats.

Notre objectif est de renforcer la présence de l’État dans la région parce que nous pensons qu’un territoire que l’on ne maîtrise pas, que l’on ne connaît pas, ne peut être ni gouverné, ni géré. 

Une des principales missions de la cellule de coordination, c’est de renforcer la présence de l’État sur le terrain et d’aider à trouver des solutions pour les jeunes. Nous faisons tout pour travailler sur l’employabilité et l’emploi des jeunes afin d’offrir des perspectives et des opportunités à la jeunesse.

Nous travaillons aussi sur l’autonomisation des femmes, sur la création de richesse dans la région et sur l’équité territoriale pour la répartition des services de base aux populations. »

La Table-ronde de Néma a impulsé la dynamique de coordination dans la région, en encourageant la mise en œuvre de l’Approche Territoriale intégrée.

« Nous avons travaillé avec nos partenaires sur la base de l’Approche Territoriale Intégrée, et nous avons commencé par faire un diagnostic du territoire. L’approche a été participative, en associant tous les acteurs locaux, notamment les élus locaux, communaux, les élus régionaux, les associations des jeunes, de la société civile, les femmes, etc.

Nous avons élaboré une stratégie qui s’est voulue être une déclinaison régionale de la stratégie nationale, avec un diagnostic de base réalisé sur le terrain.

À l’issue de cette stratégie, nous avons organisé le 28 novembre 2021 une table ronde à Nema, à laquelle nous avons invité tous les partenaires concernés. Nous avons présenté cette stratégie à nos partenaires de développement qui l’ont adopté et qui se sont engagés à la financer à hauteur de 118 millions de dollars. Au terme de cette table ronde, le gouvernement a décidé de créer une structure spécialement dédiée à la coordination de toutes les promesses de financement et dédiée au suivi de l’exécution des projets sur le terrain. C’est ainsi que la cellule de coordination et de suivi-évaluation des projets et programmes de développement du Hodh Charqui a été créée.

Avec le concours des Nations unies, nous avons mis un en place un mapping des intervenants, il s’agit d’une base de données qui permet de savoir qui fait quoi et où. C’est un outil technique extrêmement important pour éviter la duplication des actions dans certaines zones.

Avec cet outil, nous pouvons mieux identifier là où il y a des gaps en termes d’éducation, d’accès à l’eau potable, d’assainissement, pour pouvoir orienter les actions vers ces zones-là. »

Les mécanismes de coordination mis en place par la cellule de coordination du Hodh Charqui sont les suivants :

« Nous sommes satisfaits du travail fait sur le terrain et de la bonne disposition de tous les partenaires. Tout le monde s’est rendu compte des besoins de coordination des actions de développement. 

C’est vrai qu’il reste des fonds à mobiliser, mais il y a également un travail de suivi et d’évaluation des actions, pour étudier ce qu’il faudrait corriger et identifier là où il faudrait intervenir selon les besoins sur le terrain.

Nous sommes aussi très contents que la Mauritanie ait accueilli la 4èmeAssemblée générale de l’Alliance Sahel en juillet dernier. Pour nous, c’est le signe qu’il y a une confiance avec nos partenaires.»

« La région du Hodh Charqui accueille un très grand nombre de réfugiés. Dans le camp de Mbera, ils sont plus de 87.000 (en juillet 2023). On constate ces dernières années que de plus en plus de réfugiés vivent hors camp, notamment dans le sud de la région.

Nous faisons tout pour que les réfugiés trouvent la quiétude et soient en sécurité chez nous. Nous voulons qu’ils soient protégés et qu’ils aient accès à des documents d’état civil et à des documents biométriques.

C’est ainsi que le HCR travaille avec l’Agence d’enregistrement des populations pour que tous les réfugiés soient enregistrés, recensés et puissent obtenir leur carte d’identification. Celle-ci leur permet d’accéder aux services de base et à leurs droits en tant que réfugié dans le pays, conformément aux engagements internationaux de la Mauritanie.

D’autre part, nous travaillons à ce qu’il y ait une meilleure cohésion et cohabitation pacifique avec les populations hôtes. Cette région est très pauvre et les populations locales sont globalement assez démunies. Il fallait donc que le peu dont disposent les populations puisse être partagé avec les réfugiés, notamment les points d’eau, les pâturages, etc.

Nous faisons passer le message aux populations locales que la présence des réfugiés dans leur zone peut être une opportunité en termes de projets de développement. En effet, les projets de développement ne vont pas seulement œuvrer dans les camps de réfugiés, mais vont aussi intervenir hors camps. Les projets d’eau, d’éducation, de santé vont donc aussi toucher les populations locales. Nous avons pour objectif de faire du Hodh Charqui un territoire attractif en termes de services offerts aux populations hôtes et réfugiées.

Notre objectif, c’est que les taux d’accès à l’éducation et à la santé soient plus élevés et pour cela, les populations doivent avoir accès au maximum de services de base.

Pour le moment, nous sommes fiers d’être un des seuls pays de la région où il n’y a jamais eu de conflits entre populations hôtes et réfugiées. C’est le fruit du travail de l’État mauritanien et nous comptons poursuivre pour qu’il y ait le plus de paix, de sécurité et de développement.

C’est le plus important pour nous :  la paix, la sécurité de nos populations, des étrangers qui vivent parmi nous, mais aussi l’amélioration des conditions de vie, de tout le monde. Notre cellule travaille avec toutes les instances gouvernementales, internationales ou non étatiques à l’atteinte de ces objectifs. »


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