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Facilité Sahel : une approche pour financer les besoins prioritaires des populations sahéliennes

Comment identifier les besoins réels des populations sahéliennes afin d’améliorer durablement les conditions de vie dans les zones les plus fragiles ? Maurizio Guerrazzi, gestionnaire de programme Mauritanie de la Facilité Sahel, nous explique l’approche innovante et flexible mise en œuvre par la fondation.

Quelle est l’approche de la fondation Facilité Sahel pour répondre aux besoins prioritaires des populations sahéliennes ?

La fondation Facilité Sahel est un acteur non étatique qui agit en dehors de la coopération bilatérale, même si les fonds que nous utilisons proviennent d’Etats et d’institutions membres de l’Alliance Sahel. Nos partenaires privilégiés sont les organisations de la société civile locale.

Avec la fondation, nous prônons l’approche « laisser faire » car nous voulons donner confiance aux bénéficiaires. Cette approche a pour objectif de mettre en évidence les besoins locaux, la connaissance que la population a de sa localité pour rendre les interventions plus durables. Il s’agit d’une approche participative : c’est la population qui décide quel bouquet d’interventions mettre en œuvre, parmi toutes les interventions possibles, identifiées au niveau local et régional. Nous comptons sur l’approche participative de nos partenaires locaux, les différents consortiums sur place, pour donner la parole à la population et lui permettre de décider quel est ce groupe d’interventions à exécuter. 

Le processus de validation par la population est soutenu par les autorités locales dans le contexte des plans de développement locaux. Cette approche ne néglige donc pas l’autorité locale, au contraire, elle renforce l’autorité qui a son mot à dire. 

L’approche « laisser faire », ça ne signifie pas que la fondation ne s’implique pas. Nous assurons un suivi et un accompagnement parce que nous voulons que les différents acteurs à l’intérieur du consortium (NDLR: de mise en œuvre des projets) ne se sentent pas seuls vis-à-vis des règlements et de nos normes de bailleurs de fonds. Nous souhaitons des interventions qui développent des synergies localement, par exemple avec une école, un centre de santé, etc. C’est pourquoi nous appuyons les consortiums dans la recherche d’expertises locales. Nous suivons aussi avec eux comment constituer les dossiers d’appel d’offres, comment choisir des partenaires locaux selon les normes des bailleurs, etc.

L’approche telle que je viens de la décrire est valable dans tous les pays ciblés par la fondation, de la Mauritanie jusqu’au Tchad, en allant de l’ouest à l’est. Cependant, cette approche est flexible, parce que dans ce contexte géographique et climatique, il y a des différences entre les pays. Le fait de mettre en avant les connaissances et les intérêts de la population de manière spécifique est très important. 

Quels sont les appels déjà lancés par la fondation ?

Trois appels ont déjà été lancés. Le premier est celui de la Mauritanie, pour lequel le projet PRODEVELOP a été choisi. Il y a eu un second appel pour des projets au Tchad et au Burkina Faso qui viennent de commencer. On est en train de finaliser le troisième appel, avec un second projet pour la Mauritanie et un premier projet pour le Niger. Nous sommes dans la phase finale d’identification des organisations de la société civile partenaires.

La fondation travaille sous le contrôle d’un conseil stratégique et avec l’accompagnement d’un conseil consultatif, qui comptent parmi leurs membres des représentants des bailleurs, de l’institution Sahel, des différents pays concernés.

Comment la fondation assure-t-elle le suivi des projets ?

La fondation suit les projets de très près en organisant des entretiens mensuels avec tous les partenaires. Cela nous permet d’identifier rapidement les problèmes et de trouver ensemble une bonne solution. Nous effectuons également des visites régulières sur place. Comme nous n’avons pas de bureau dans la région, nous travaillons avec le bureau d’études GOPA, dont l’antenne principale est située à Bamako au Mali avec des correspondants dans les différents pays du Sahel.

Le rôle de ce bureau est très important parce qu’il y a des questions techniques, certaines capacités ou compétences qui n’existent pas au sein des consortiums chargés de la mise en œuvre des projets. On ne peut pas tout savoir, on ne peut pas avoir d’expérience dans tous les domaines. Ce bureau est une référence pour les membres des différents consortiums pour comprendre quelle est l’expérience et l’expertise qui manque, quelles sont les normes techniques à respecter (par exemple, dans les projets de construction).

Dans certains pays, il y a une législation très développée, mais les organisations de la société civile n’en ont pas toujours la connaissance ou la pratique. Or, pour nous, il est essentiel de respecter les normes des pays. Par exemple, des normes environnementales existent en Mauritanie. GOPA, en tant que bureau d’études, accompagne la progression des partenaires dans cette appropriation des différentes normes et processus avant de lancer des interventions. Cela met en lumière le rôle des partenaires étatiques, institutionnels dans le pays.

De cette manière, on est dans un processus d’apprentissage. C’est la valeur ajoutée d’une approche qui n’est pas bilatérale, mais qui accompagne les acteurs de la société civile pour jouer un rôle de plus en plus important dans les différents pays.


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