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Le secteur privé au cœur du changement économique en Mauritanie et au Sahel

Les 9 et 10 novembre 2022, plusieurs acteurs régionaux de l’écosystème économique et des affaires se sont réunis à Nouakchott (Mauritanie), à l’initiative et avec le soutien du Centre International pour l’Entreprise Privée (CIPE). Objectif? Ouvrir à nouveau un dialogue public-privé et faire un état des lieux des initiatives pour l’inclusion économique et la promotion du secteur privé au Sahel. Il s’agissait de capitaliser sur les acquis et d’assurer la réalisation des objectifs stratégiques liés à l’opérationnalisation d’un cadre de dialogue public-privé au sein du G5 Sahel garant d’un développement du secteur privé au Sahel.

La Mauritanie a connu une relance économique après la pandémie de COVID-19 en 2021 principalement due à la bonne performance de la consommation et de l’investissement privé, ainsi qu’à l’amélioration des performances du secteur tertiaire (source: Rapport sur la Situation Economique en Mauritanie 2022). Le secteur privé joue en effet un rôle central dans le développement des pays du Sahel à travers la création d’emplois et de richesses, l’investissement stratégique dans les infrastructures et les services en complémentarité à l’Etat. La réforme économique visant l’amélioration du climat des affaires et l’attractivité des marchés est ainsi devenue une des priorités pour les pays. Le succès de la transformation économique et le développement durable passe par l’inclusion et le dialogue.

Dr. Néné Kane, enseignante chercheure et ancienne ministre du MASEF (Ministère des Affaires Sociales, de I’Enfance et de la Famille), intervenant sur la question de la Coopération Internationale au Sahel, faire le pont entre perception et besoins réels. A ses côtés, M. Aliou Oumarou, Leader Jeunesse au sein de la Coordination des Conseils Nationaux de Jeunesse (CCNJ)- Niger et M. Boubacar Dangaya, Coordinateur Régional de la CCNJ G5 Sahel du Tchad.

Le G5 Sahel bénéficie d’un engagement croissant des partenaires au développement avec des axes prioritaires d’intervention privilégiant un développement humain ciblé sur la jeunesse et les femmes. La participation du secteur privé est fondamentale pour promouvoir l’emploi et l’entreprenariat qui sont des vecteurs d’impact et de transformation socio-économiques de la région. Il s’agit également d’assoir le partenariat contre la montée de l’extrémisme violent dans la région.

Lors de la conférence, plusieurs intervenants se sont succédés à la tribune pour partager expertises et expériences sur la promotion d’un dialogue public-privé inclusif pour soutenir le développement et la sécurité au Sahel:

  • Eric Yamdeogo Tiaré, Secrétaire Exécutif du G5 Sahel
  • Cynthia Kierscht, Ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique en Mauritanie
  • Savia N’tahah, Ministre de l’Action sociale, de l’Enfance et de la Famille
  • Ahmedou Ould Abdallah, Ancien Ministre/Envoyé Spécial des Nations Unies, Fondateur du C4S
  • Dr. Nene Kane, Ancienne Ministre & Enseignante Chercheur, spécialiste de l’entrepreneuriat
  • Aliou Oumarou, Leader Jeunesse au sein de la Coordination des Conseils Nationaux de Jeunesse (CCNJ) du Niger
  • Boubacar Dangaya, Coordinateur Régional de la CCNJ G5 Sahel du Chad
  • etc.

Mme Cynthia Kierscht, Ambassadrice des Etats-Unis (pays membre de l’Alliance Sahel), a rappelé que:

Le Sahel est une zone qui est riche et sa transformation peut se faire avec ses propres ressources. Le développement inclusif est extrêmement important ainsi que la participation du secteur privé notamment pour capitaliser et valoriser ce qui est recherché en termes d’impact au développement. La stratégie des Etats-Unis dans l’Afrique subsaharienne montre l’importance accordée à la sécurité, à la relance économique post-Covid19 ainsi qu’au changement climatique. Ces questions reviennent dans les discussions que nous avons par rapport aux propositions du secteur privé et sont des priorités au niveau de la stratégie des Etats-Unis pour l’Afrique subsaharienne. Ce qui se passe au Sahel est extrêmement important pour le reste de l’Afrique. Les propositions et les actions que nous prendrons ici pourraient avoir une incidence pour le reste de l’Afrique et peut-être dans le reste du monde. »

Par ailleurs, la question des jeunes et des femmes a été mise en lumière en tant que levier important pour l’économie et le développement du secteur privé. A ce titre, la Ministre de l’Action sociale, de l’Enfance et de la Famille, Savia N’Tahah a fait le constat global que « Certes la situation s’est améliorée mais les femmes restent le maillon faible de l’économie ».

Savia N’tahah, Ministre de l’Action sociale, de l’Enfance et de la Famille intervenant sur la thématique “Enjeux prioritaires pour un développement inclusif et durable du Sahel” ainsi que sur la question de l’importance de l’intégration de la femme dans les politiques de développement du secteur privé.

Elle est intervenue ensuite sur ce point en mentionnant:

J’apprécie l’action du CIPE qui vise à développer un agenda d’affaires féminin et d’assurer la participation des femmes au dispositif du dialogue public privé mixte. En Mauritanie, la vision du Président, Son excellence Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, offre aux femmes mauritaniennes une opportunité unique. La promotion du genre est aux cœur de ses engagements que nous traduisons dans le programme des politiques gouvernementales. Concrètement, nous avons engagé une démarche transversale qui vise principalement à promouvoir l’accès à l’éducation et à la formation, à la libération du temps de la femme par le développement des services à l’éducation et de garde des jeunes enfants, l’autonomisation par l’emploi et par l’entrepreneuriat, l’offre de services de base en adéquation avec les réalités et les besoins sur le territoire, la protection des droits et l’intégration. Ces différents points sont interconnectés et la pleine participation des femmes en dépend, c’est en cela que nous avons mis en place des programmes publics et que nous travaillons avec les partenaires pour assurer la couverture et la pérennisation.  Nous avons besoin de maintenir les efforts pour atteindre l’égalité des chances (…) ».

Eric Tiaré intervenant sur la question de la jeunesse et son importance clé dans le développement du secteur privé.

Selon Eric Tiaré, Secrétaire Exécutif du G5 Sahel, le Sahel regorge d’opportunités se trouvant en premier lieu dans la jeunesse, grande force des Etats sahéliens qui représente environ 67% de la population:

Au-delà du dividende démographique, la jeunesse conduit à renouveler la manière de penser le développement urbain, les migrations, le capital humain et les diasporas. En éduquant les jeunes, en leur offrant un cadre favorable à leur participation, on ne peut qu’imaginer l’impact de leur dynamisme au Sahel. (…) Le G5 Sahel fonctionne sur le pilier développement et sécurité : nous avons en ce sens une stratégie développement et sécurité et notre programme d’investissement prioritaire contient tout ce qu’au niveau du G5 Sahel, nous pensons pouvoir réaliser pour développer le Sahel dans le bon sens. Cette conférence rentre dans ce cadre car elle doit nous permettre d’améliorer le dialogue public privé car plus que jamais le secteur privé doit être boosté et c’est sur vous, les acteurs, les jeunes et les femmes, c’est sur vous que nous comptons pour semer les bonnes graines dans le Sahel. »

L’appui au secteur privé est un des 5 secteurs transversaux de l’Alliance Sahel. L’Alliance soutient en Mauritanie plusieurs projets d’appui au secteur privé, pour un montant de 38 millions d’euros. Au Sahel, les membres de l’Alliance Sahel financent près de 30 projets de soutien au secteur privé, pour un montant total de 948 millions d’euros.

Texte et photos: Raissa Chaitou / Alliance Sahel

Sources:


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