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Soutenir le développement dans un contexte de fragilités: 4 ans après sa création, quel bilan d’étape pour l’Alliance Sahel?

Depuis sa création en 2017, les membres de l’Alliance Sahel maintiennent, malgré les défis, un engagement fort dans la région du Sahel. A l’aube de sa 4ème année d’existence, le présent bilan d’étape met en lumière le paysage actuel de l’action de la plateforme de coordination des bailleurs de fonds avec leurs partenaires du G5 Sahel, en réponse aux défis du développement dans les pays de la région

Tchad – Projet PEAN

En ce début d’année 2022, la région du G5 Sahel suscite l’inquiétude: plusieurs zones connaissent une insécurité fortement préoccupante, entravant la paix et la prospérité. Plusieurs pays sont également marqués par une instabilité politique, fragilisant la construction d’un avenir meilleur. La pauvreté, l’impact du changement climatique et les inégalités font partie des racines des difficultés éprouvées par la région. Pourtant, le Sahel est une région riche de potentiels: une population jeune motivée et talentueuse, des ressources naturelles multiples, des énergies renouvelables…

Lancée en 2017, à l’initiative de l’Allemagne, de la France et de l’Union européenne, l’Alliance Sahel regroupe à ce jour 26 partenaires au développement bilatéraux et multilatéraux (dont 15 membres de plein exercice, la Suède ayant rallié en décembre dernier l’initiative). Solidaire des Sahéliens et des Sahéliennes, ses membres sont réunis autour d’une mission commune : apporter des réponses concrètes et collectives aux défis de développement que doivent relever les pays du G5 Sahel, pour améliorer durablement les conditions de vie des populations. L’Alliance Sahel fédère aujourd’hui la majeure partie des acteurs institutionnels de la coopération internationale intervenant au Sahel.

Résultats et données récentes concernant les projets Alliance Sahel

En 4 ans, le nombre de projets labélisés Alliance Sahel a plus que doublé, révélant l’engagement constant et croissant des membres de la plateforme de coordination sur les questions de développement.

Par rapport à 2019, le nombre de projets a augmenté de 17%, passant de 873 à 1021 (fin décembre 2020), avec une augmentation de 9% du volume de financement des projets.

Quatre principales thématiques d’intervention concentrent près de 80% des financements, la principale étant celle de la décentralisation et des services de base (30% des financements de l’Alliance Sahel), suivie de l’agriculture, du développement rural et de la sécurité alimentaire (22%).

Les impacts pour les populations sahéliennes sont concrets, par exemple :

  • 5.5 millions de personnes ont bénéficié d’adduction en eau potable.
  • 2.9 millions de personnes ont bénéficié d’une assistance alimentaire
  • 3.4 millions d’enfants ont été vaccinés
  • 660.000 femmes en âge de procréer ont bénéficié d’une méthode de planification familiale
  • 550.000 personnes ont eu accès à l’électricité
  • 420.000 jeunes ont bénéficié d’une formation professionnelle
  • 2.400 juges, avocats et greffiers ont été formés
  • 1.250 organisations de la société civile ont été soutenues

La liste des projets en cours de mise en œuvre est publiquement accessible sur le portail de données externe de l’Alliance Sahel, mis en ligne début 2021 dans un objectif de transparence et de redevabilité.

Infographie avec les 4 premiers secteurs bénéficiaires de l'Alliance Sahel (en montants): 30% pour décentralisation et services de base, 22% pour agriculture, développement rural et sécurité alimentaire, 15% pour l'énergie, 11% pour la gouvernance.

Dans la vidéo ci-dessous, découvrez l’un des projets labéllisé Alliance Sahel, à travers le portrait de la jeune entreprise malienne Nimaba, qui développe et commercialise des jus de fruits originaux à Sikasso (Mali). Cette entreprise a reçu un soutien du Fonds d’appui à la création d’entreprise par les jeunes/FACEJ, créé et financé par l’Ambassade du Danemark (co-financé par l’Ambassade des Pays-Bas).

Un partenariat renforcé avec le G5 Sahel

Le défi n’est pas uniquement de mobiliser davantage de financements mais également de renforcer la coordination avec les pays de la région pour accroître l’efficacité et l’efficience de ces financements. Une collaboration solide a été créée avec le G5 Sahel à travers un accord de partenariat signé en 2018.

Ce partenariat a continué à se renforcer en 2021, avec notamment la participation systématique de représentants du G5 Sahel aux réunions des organes de gouvernance de l’Alliance Sahel: assemblée générale organisée à N’Djamena au Tchad en février 2021 et comités de pilotage opérationnels (CPO) de juin 2021 et décembre 2021. Les représentants du G5 Sahel ont également participé aux groupes de travail thématique de l’Alliance.

Ce partenariat étroit s’est notamment traduit par une mobilisation forte des membres de l’Alliance Sahel pour le financement du plan de développement d’urgence (PDU). Conçu par le G5 Sahel pour les populations sahéliennes, le taux d’exécution de ce plan d’urgence composé de 22 projets à impact rapide est élevé: 70% des engagements initiaux ont été décaissés depuis 2019, soit 179 millions d’euros, malgré des contextes d’intervention difficiles dans des régions fragiles. Pour plusieurs projets, de nouvelles phases sont en cours de préparation, témoignant ainsi de la volonté des membres de l’Alliance Sahel de renforcer leur engagement initial.

En 2021, le partenariat Alliance Sahel – G5 Sahel s’est également traduit par la création de la Facilité Sahel, un nouvel instrument financier multi-bailleurs permettant d’agir avec rapidité et souplesse dans les contextes de crise. Les interventions financées devront être alignées sur les plans de développement régionaux (dont le CAPI, le Cadre d’Action Prioritaire du G5 Sahel), nationaux ou locaux existants. L’Allemagne a apporté une contribution initiale de 50 millions d’euros et un premier projet destiné à renforcer la cohésion sociale et l’accès aux services de base à Gao (Mali) va bénéficier d’un montant de 5 millions d’euros sur 4 ans.

Approches et outils collectifs: des avancées significatives

2021 marque un tournant dans la mise en œuvre de l’approche territoriale intégrée (ATI) destinée à accroître l’impact des interventions dans les zones les plus vulnérables, avec la tenue de la récente « table ronde de Néma », à l’initiative de la Mauritanie et présidée par le Premier Ministre mauritanien. Cet événement a illustré la coordination renforcée et l’engagement collectif des partenaires mauritaniens et membres de l’Alliance Sahel au service d’un objectif commun. Cet atelier a montré la capacité des membres de l’Alliance Sahel à se mobiliser fortement pour appuyer la stratégie de développement locale d’une zone prioritaire (le Hodh ech Chargui), tout en mettant l’accent sur le soutien au renforcement des capacités des autorités administratives déconcentrées et décentralisées.

L’année écoulée marque aussi le lancement de deux outils collectifs, destinés à renforcer la coordination des interventions dans les zones fragiles des pays du G5 Sahel:

  • La base de données ATI, développée pour les membres et partenaires de l’Alliance Sahel, afin de faciliter la collecte et le partage de données dans les zones prioritaires. Cet outil interne va permettre d’optimiser la coordination entre les membres.
  • La Plateforme d’Analyse, de Suivi et d’Apprentissage au Sahel (PASAS) financée par l’AFD grâce au fonds français Paix & Résilience MINKA contribue aux efforts de coordination en aidant à faire converger les analyses sur lesquelles se fondent les interventions et permet d’adapter la conception et le suivi des interventions des bailleurs.

Impact de la situation sécuritaire sur les projets

Malgré un contexte sécuritaire en dégradation, les appuis des partenaires au développement de l’Alliance Sahel n’ont jamais été aussi importants, tant en volume qu’en nombre de projets de développement. Ces derniers mois, les partenaires ont renforcé la coordination de leurs interventions, accru la planification conjointe avec les autorités, accentué l’échange d’informations entre acteurs (forces de sécurité, humanitaires, diplomatie, stabilisation, etc.) et adopté des approches plus flexibles et rapides.

L’impact de la dégradation sécuritaire sur la mise en œuvre des projets se fait néanmoins sentir: limitation de l’accès aux zones d’intervention, diminution des partenaires de mise en œuvre sur le terrain, hausse des coûts, etc.

Au Mali, les membres de l’Alliance Sahel continuent d’intervenir de manière importante et travaillent conjointement sur une Approche Territoriale Intégrée dans les zones prioritaires du Nord, du Centre et de l’arc Sud. Les conséquences sur les programmes et projets de développement des sanctions prises très récemment par la CEDEAO sont en cours d’étude par les différents bailleurs qui y interviennent.

Dans ce contexte fragile, le rôle de coordination de l’Alliance Sahel est plus que jamais d’actualité.  Les membres de l’Alliance Sahel continuent à déployer leurs efforts auprès des populations sahéliennes pour soutenir l’édification de perspectives durables, qu’elles soient économiques, éducatives ou sanitaires. La réponse à la crise au Sahel ne peut être uniquement sécuritaire:  la lutte contre la pauvreté et les inégalités restent incontournables pour changer la donne dans la région.

Crédits photo: Alliance Sahel / Aude Rossignol et Alliance Sahel Mauritanie / Lisa Krumm


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